Je reprends ici, avec un jour de décalage, les chroniques publiées du lundi au vendredi dans le quotidien Les Nouvelles depuis fin mars. L'ensemble, avec en supplément des articles qui n'ont pas trouvé place dans le rythme et le format imposés, sera publié en volume avant la fin de l'année.
En France, on reconnaît,
officiellement, le loyalisme des travailleurs de la terre, en leur accordant le
mérite agricole, vulgairement appelé
poireau. À Madagascar il serait normal d’appeler « Palmarès du mérite administratif », la liste des
récompenses octroyées à la suite d’un concours agricole. Ce n’est pas nous qui
le disons, mais c’est Madame M., cheffesse de Province, qui le laisse
clairement entendre.
Il y avait, au concours
agricole de Fianarantsoa, une section des dentelles et broderies. Quand le jury
eut terminé ses opérations, celle qui le présidait eut de la peine à revenir de
sa stupéfaction, de s’entendre, en public, en plein cercle français,
interpeller de la façon suivante par Mme M. : « Où est
le prix de ma ramatoa ?
(C’est-à-dire la ramatoa qui brode à l’ordinaire pour Mme M.) –
« Quelle ramatoa, répondit l’autre, je ne la connais point !
— Vous connaissez
bien ma ramatoa et elle n’a qu’un second
prix ; c’est absolument incompréhensible ; c’est inadmissible. Ce
ne peut être que le résultat d’une erreur ou d’une injustice.
— Madame, le jury a
fait son devoir et je ne suis d’ailleurs pas la seule à avoir choisi les
lauréates.
— Vous êtes la
présidente et, par conséquent, seule
responsable. Vous aviez des auxiliaires indigènes, qui étaient de
parti-pris. »
La Présidente, dont il
s’agit, répondit un peu vivement que, de parti-pris, il n’y en avait point eu,
contrairement ce qui s’était passé à une fête récente, où Madame
l’administratrice, après avoir pris l’avis des personnes présentes, avait fait
exactement le contraire de ce qu’elles préconisaient ; qu’au surplus, il
était cinq heures du soir et qu’elle avait travaillé à l’examen des denrées de
sa section, depuis six heures du matin, sans discontinuer ; qu’on ne la
remercierait, vraisemblablement, jamais pour cette besogne qu’elle eût pu ne
pas accepter ; qu’en définitive elle demandait qu’on lui… laissât la paix
avec les broderies et les dentelles.
(À suivre.)
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