18 juin 2013

Il y a 100 ans : L’occupation militaire à Madagascar

On nous écrit de la Grande Île :
Majunga, 1er mai 1913.
Est-il nécessaire, ou seulement utile que la France consacre 13 millions annuellement, à entretenir un corps d’occupation à Madagascar ? Non, c’est absolument inutile, car au point de vue de la sécurité intérieure, les troupes blanches ne sont d’aucun secours. La garde civile, milice indigène, accrue, bien recrutée et encadrée, suffit et suffirait largement. Le Malgache est un être doux, inoffensif, qui n’a rien d’un combattant. Justement et humainement traité, il est le plus docile des sujets et… des contribuables. Il sait apprécier ce que la France, l’affranchissant de l’esclavage et du lourd joug que faisait peser sur lui la royauté Hova, a fait pour lui ; il a gagné au change et il le sait, il nous en est reconnaissant.
Au point de vue de la défense de l’île contre une agression venue du dehors, notre occupation militaire actuelle est encore plus inutile car je ne pense pas que jamais un gouverneur même général, ni un général ont osé escompter une résistance efficace contre un ennemi étranger. La lutte et le danger pour la France n’est pas au dehors, il est en France même, et c’est au moment où, menacés par nos voisins de l’Est, elle est amenée à faire un effort énorme, à augmenter ses effectifs et ses dépenses militaires, elle a besoin de toutes ses ressources, qu’elle doit envisager la possibilité de les augmenter en supprimant à Madagascar 13 millions de dépenses inutiles, et rappelant ses troupes dans la métropole. Leur utilisation, au Maroc, par exemple, rendrait libre et disponible une partie des troupes métropolitaines qui y guerroient actuellement, fécondant de leur sang ce vaste champ de graines d’épinards et de croix !
Du même coup, la colonie économiserait les 400 000 francs qu’elle verse à la métropole, comme faible part contributive aux charges militaires.
(À suivre.)
Les Annales coloniales


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