27 janvier 2009

Madagascar : faits et rumeurs

Vous le savez, bien sûr, puisque vous vous intéressez à Madagascar (sinon, que faites-vous ici?): la journée d'hier est la pire qu'Antananarivo ait connue depuis très longtemps.

Depuis le matin, les signes avant-coureurs ne trompaient pas. Il y avait de la tension dans l'air.
Vers 6 heures, alors qu'un barrage de bacs poubelles avait été installé entre Ambanidia et la Haute Ville, il a été forcé par deux véhicules de l'armée, dont un blindé, que j'ai regardé passer avec un petit frisson désagréable - je buvais mon café, comme tous les jours, au marché d'Anjohy.
Une demi-heure plus tard, soit trois heures et demie avant le moment du rassemblement prévu par le maire de Tana place du 13 mai, un petit groupe d'une cinquantaine de jeunes se dirigeaient déjà, avec force cris et sifflets, vers le centre-ville...

C'est tout ce que j'ai vu, puisque je suis resté chez moi le reste de la journée, à travailler sur des choses sans aucun rapport avec les événements.
Le reste, je vous le fournis par recoupements entre diverses sources puisées sur Internet et dans la presse de ce matin (celle qui est déjà accessible... sur Internet).

Place du 13 mai, la manifestation s'est déroulée dans le calme. Mais le calme n'a pas duré longtemps. Les premiers actes violents se sont produits du côté de RNM, où pillage et incendie ont marqué le début d'une journée de folie furieuse et, comme on dit, de débordements incontrôlables.
Après la radio nationale, ce fut au tour de MBS, puis de différents magasins et stocks Magro, de l'auditorium d'Ankorondrana...
Et puis, et puis, l'appétit venant en mangeant, une partie de la population de Tana a continué à se servir sur les rayons d'autres grandes surfaces. La liste semble longue, des magasins et boutiques qui sont aujourd'hui rayés de la carte du circuit commercial tananarivien.
Cela n'avait plus rien à voir avec une manifestation politique, bien entendu. Casser et piller sont des tentations tellement naturelles quand le désordre est complet. Le jour va se lever dans une petite heure sur un spectacle désolant. Et qui place, une fois encore, les Malgaches dans une situation plus précaire qu'avant.
Personne n'aura gagné. Et tout le monde, perdu.

Les rumeurs les plus délirantes ont couru depuis le début de l'après-midi hier. Le président malgache aurait quitté la capitale, le pays. Le maire de Tana aurait été tué. On peut probablement, avec toutes les réserves d'usage, démentir: les deux hommes sont censés se retrouver aujourd'hui autour d'une table.
Quant au nombre de morts, il se situerait entre un et treize, je suis incapable d'en dire plus.
Une autre rumeur, elle, semble devoir se confirmer: la prison d'Antanimoro serait totalement vide, détenus et gardiens ayant déserté les lieux. Si c'est vrai, le climat d'insécurité, dont on parlait déjà beaucoup, n'a pas fini de peser sur nos épaules, bien davantage que le réchauffement de la planète...

Bref, c'est la pagaille, entretenue par la quasi absence de radios et de télévisions, les unes et les autres ayant successivement cessé d'émettre à l'exception, semble-t-il, de Radio Don Bosco, Radio Antsiva et RLI.
Les dernières rumeurs font état d'émeutes et de pillages à 67 Ha ainsi que de la tentation, côté militaire, de prendre les choses en mains...
Je précise: rumeurs...

Je ne sais pas si je vais continuer à vous tenir informés de l'évolution de la situation. Hier, j'étais même persuadé que je n'en parlerais pas du tout, parce que ce n'est vraiment pas le propos de ce blog. L'ampleur des dégâts m'a fait changer d'avis.
Pour la suite, on verra...

1 commentaire:

  1. Tenez nous au courant de ce que vous savez, il est tellement difficile d'avoir des nouvelles à peu près fiables!

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