14 décembre 2019

Il y a 100 ans : Pour la mise en valeur de la Grande Île (2)


(Suite.)
« Une seule ligne relie Tananarive à Tamatave. Deux autres sont en formation, l’une vers le sud, l’autre vers le nord, et la main-d’œuvre étant difficile à recruter, et en général défectueuse, les travaux marchent lentement, très lentement.
« Ce qu’il nous faut, c’est une compréhension meilleure des intérêts généraux. Le bétail et les mines sont les deux grandes ressources de l’île.
« Il y avait aussi les forêts, mais elles ont été en partie dévastées. On a découvert des gisements de cuivre, de fer et de charbon, mais ce qui importe est leur exploitation par des gens compétents. Il faut un personnel technique, un cadre de colons instruits et sérieux au lieu de gens qui cherchent à faire de la spéculation et des affaires. Il est pénible de voir d’anciens marchands de cartes postales, par exemple, accaparer de riches terrains houillers et attendre tranquillement l’offre du prix fort pour s’en dessaisir. La spéculation est un microbe infectieux qui a pénétré partout, là-bas comme ici. En Europe, on résiste tant bien que mal, là-bas on en meurt.
« Que l’on balaie les spéculateurs d’abord et les incompétents ensuite et Madagascar sera ce qu’il doit être, un des plus beaux fleurons de notre domaine colonial. »
En terminant, le Gouverneur Général parle avec émotion de l’attachement des indigènes pour la France. Il rappelle la promptitude avec laquelle les volontaires ont répondu à l’appel qui leur fut adressé et avec quel enthousiasme ils sont venus coopérer à la défense du territoire de la mère-patrie.
La Dépêche coloniale du 7 août 1919

Cette interview, publiée dans le plus grand journal colonial français, me laisse rêveur.
Vraiment, si je ne m’étais pas reporté aux premières phrases de cet article, j’aurais pensé lire les doléances d’un industriel ou d’un colon malheureux de la Grande Île, ou les critiques d’un confrère bien renseigné et mécontent, échappées aux griffes de la censure.
Il faut vivre au milieu des incohérences actuelles pour trouver de pareilles phrases dans la bouche d’un gouverneur général parlant du pays qu’il administre :
« Que l’on balaie les spéculateurs d’abord, et les incompétents ensuite, et Madagascar sera ce qu’il doit être, un des plus beaux fleurons de notre domaine colonial. »
 (À suivre.)
Le Tamatave



Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 83 titres parus à ce jour.

13 décembre 2019

Il y a 100 ans : Pour la mise en valeur de la Grande Île (1)


Des Alpes industrielles :
M. Schrameck, Gouverneur Général de Madagascar, vient de rentrer en France. En congé régulier, il va se reposer en Vichy pendant quelque temps, après avoir conféré avec le ministre des Colonies.
Interviewé à son arrivée à Marseille, M. Schrameck a parlé de Madagascar avec beaucoup d’enthousiasme ; il a monté moins de satisfaction en ce qui concerne l’administration et la mise en valeur de la grande colonie qu’il gouverne.
— Madagascar, a-t-il déclaré, est un pays admirable, d’une incomparable richesse tant au point de vue agricole qu’au point de vue minier.
D’un voyage à travers la Grande Île, il a rapporté cette impression que la première et la plus urgente réforme à faire était l’organisation complète d’un service médical et d’un service d’hygiène. Les médecins manquent, il faut de toute nécessité les attirer dans ce pays où trop de gens succombent faute de soins.
— La grippe espagnole, dit-il, a fait 30 000 victimes et les corps pourrissaient sur la voie publique, dans l’impossibilité où nous nous trouvions de pouvoir les faire enterrer.
« Des enfants vont encore tout nus par habitude et aussi dans l’impossibilité où sont les parents de se procurer un tissu convenable. Avec cela, insuffisamment nourris, ils dépérissent et succombent sous les effets néfastes du paludisme que propagent les marais encore non asséchés. Sur les hauts plateaux, c’est la bronchite qui fait dans leurs rangs des ravages considérables. »
Organisation d’un service médical, création d’un service d’hygiène ; à ces réformes une autre réforme est liée : celle de l’enseignement professionnel. C’est par là qu’on arrivera à une meilleure utilisation de la main-d’œuvre ; c’est par là qu’on habituera progressivement les indigènes à des recherches de confort qui amélioreront sensiblement et leur santé morale et leur santé physique.
Parlant ensuite de la situation économique du pays, M. Schrameck déclare :
— Madagascar manque de l’outillage nécessaire pour la mise en valeur d’un territoire aussi immense ; pas de routes, peu de chemins de fer.
(À suivre.)
Le Tamatave



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12 décembre 2019

Il y a 100 ans : Les bois de Madagascar


Du Journal d’Agriculture tropicale :
La Commission Sénatoriale des Finances et la Commission Sénatoriale des Colonies, réunies au Ministère sous la présidence de M. le Ministre des Colonies, ont donné leur adhésion au compte spécial de 40 millions voté par la Chambre, pour l’importation en France des bois coloniaux, en provenance principalement de Madagascar et de l’A. O. F.
Ces deux Commissions ont reconnu la nécessité de la création en France de ce marché, qui peut être assuré d’un débouché pendant de longues années, en raison de la pénurie des autres bois et des ravages faits dans le domaine forestier français. Espérons que ces quelques années seront suffisantes pour démontrer aux industriels français que les bois de nos colonies présentent toutes les qualités des autres jusqu’ici employés et provenant de l’étranger. Il serait également à souhaiter que cette décision pût hâter et préciser l’inventaire des richesses forestières de Madagascar, inventaire moins précis et moins étudié que ne l’a été jusqu’ici celui de l’A. O. F.
N.D.L.R. Ce domaine forestier dont parle le Journal d’Agriculture tropicale n’est autre que la fameuse forêt de l’Est qui va du Nord au Sud de l’île et qui n’est exploitée qu’en deux ou trois endroits seulement et sur une étendue très minime. Préciser l’inventaire des richesses qui y sont contenues est chose fort difficile car la végétation est si dense qu’il est impossible d’y pénétrer. Cette forêt qui renferme des arbres de 60 mètres de haut est désignée sur les cartes géographiques sous le nom de « forêt inconnue et inhabitée », quelles surprises nous réserve-t-elle quand on en aura rendu son intérieur accessible ? Chose qui ne pourra avoir lieu que lorsque la route et la T. C. E. passèrent à côté.

Bains de mer

Comme la saison chaude approche, les bains de mer vont devenir de plus en plus fréquentés. Aussi devenait-il opportun de faire réparer les cabines qui étaient fort délabrées et dont quelques-unes même avaient servi de buen retiro à des indigènes. La population de Tamatave saura gré à M. l’Administrateur-Maire de cette mesure heureuse et qui s’imposait.
Le Tamatave


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6 décembre 2019

Il y a 100 ans : Les résultats acquis à Madagascar (2)


(Suite et fin.)
La construction des canaux des pangalanes est à pousser jusqu’à Farafangana. L’étude des conditions de navigabilité fluviale est à faire.
D’autre part, des travaux d’adduction d’eau et d’aménagement des principaux centres urbains sont indispensables. Certains, tels que ceux de Tamatave sont déjà décidés.
Des décisions sont également prises pour l’extension des œuvres d’enseignement public.
C’est, pour les Européens, l’agrandissement des lycées ainsi que la création d’un enseignement pratique et professionnel ; pour les indigènes, la création d’une école professionnelle à Tananarive et l’extension des sections d’apprentissage des écoles régionales, notamment de celles de charpentiers de marine.
Les charges que l’exécution de ces travaux échelonnés sur un certain nombre d’années entraînera pour la colonie seront de peu de poids par rapport au profit qu’elle doit en tirer. L’augmentation et la meilleure utilisation de la main-d’œuvre, la rapidité désormais obtenue des transports et de la manutention, le moindre coût de ses opérations accroîtront sensiblement, au profit de tous ceux qui travaillent, la quantité de la production et la valeur des produits.
Les réformes déjà réalisées par les indigènes dans maintes régions sur leurs exploitations ou dans leurs industries témoignent qu’ils n’apprécieront pas moins que les Européens les avantages à attendre des progrès à accomplir et tous comprendront l’inéluctable nécessité, pour trouver les ressources indispensables, de réviser les taxes et impôts auxquels ils sont assujettis.
La taxe d’assistance médicale sera uniformisée à 3 francs.
L’impôt sur les bœufs devra être augmenté en principe et varié entre 1 fr. 50 et 2 francs.
Les patentes seront modifiées en tenant compte des indications fournies par les chefs de province et de district.
Nous pouvons avoir toute confiance en la modération qui présidera à ces transformations que les indigènes accepteront sans difficulté si elles sont opérées comme le désire le Gouvernement Général.
Le Tamatave



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2 décembre 2019

Il y a 100 ans : Les résultats acquis à Madagascar (1)


Des Annales coloniales :
Les instructions de M. Schrameck aux chefs de province et de district autonome relatives à la révision des textes instituant des impôts directs, droits d’enregistrement et de justice indigène, sont précédées de l’exposé suivant de la situation actuelle des travaux et organisations dont l’achèvement donnera à la colonie l’outillage économique qui lui permettra de soutenir, sur les marchés du monde, la concurrence étrangère.
Une école vétérinaire, une école forestière vont s’ouvrir. Elles fourniront le personnel qui contribuera, avec cadre européen à assurer, d’une part, la conservation du cheptel, d’autre part, l’exploitation raisonnable de la forêt.
La constitution à bref délai de la Banque d’émission qui se prépare au département sur les données que nous avons établies ; à côté, le concours que nous avons accordé à la création du crédit mutuel agricole, des coopératives des consommations et qui n’attend, pour se matérialiser, que l’approbation ministérielle prochaine, ces moyens imminents de crédit et d’économie offrent à la colonisation, si elle sait, d’autre part, employer comme il convient les nombreux indigènes que nous avons placés en apprentissage en France, un avenir de fécond développement.
L’outillage, jusqu’à ce jour réduit pour les transports à grand rendement à l’unique ligne du T. C. E. avec son embranchement vers Ambatondrazaka, doit s’augmenter notamment de la construction et de l’aménagement des ports de Tamatave et Majunga, de l’achèvement de la voie ferrée Tananarive-Antsirabe, de la création de la ligne de chemin de fer Betsileo-côte Est, de celle du lac Alaotra à Majunga dont le tracé est à la veille d’être fixé, de l’embranchement du nord ; de routes à caractéristiques de voie ferrée dont l’étude est en cours et qui relieront au centre les régions du sud-ouest et du sud-est.
En outre, un programme de construction d’un réseau routier nouveau est établi pour l’ensemble de la Colonie.
(À suivre.)
Le Tamatave



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30 novembre 2019

Il y a 100 ans : Bassin-abri et port (2)


(Suite et fin.)
Le dispositif de ce bassin-abri s’explique par la direction du courant qui suit le littoral, contourne la Pointe-Hastie, et passe devant les magasins de la Douane suivant la direction Sud-Est à Nord-Ouest.
Quand le bassin sera construit, ce courant se heurtera contre le côté du bassin limité par la jetée de 200 m et prendra une autre direction.
Pour s’abriter, les voiliers disposeront d’un espace allongé à peu près quadrangulaire d’une longueur de 5 ou 600 mètres, limité à l’ouest par la portion de bord de mer qui va des ateliers de marine jusqu’en face de la douane, et à l’est par la bande de terre-plein qui ira jusqu’à la tête Amiot. Le terre-plein embrassera donc la portion de littoral allant des ateliers de marine à la jetée de 200 m.
Ce bassin-abri serait une « amorce » du futur port si celui-ci devait être construit à la Pointe-Hastie. En effet, une fois le bassin achevé, il serait possible en comblant jusqu’au récif l’espace qui se trouvera devant la ligne allant de la tête Amiot à la jetée devant la gare. C’est-à-dire en agrandissant vers le Nord-Est le terre-plein du futur bassin-abri lorsque celui-ci serait achevé.
On veut réduire le personnel des fonctionnaires. Dans le service des Travaux Publics, pareille mesure sera impossible à réaliser vu que le personnel actuel, qui ne manque pas de compétence, est déjà insuffisant à mener de front les multiples travaux qui doivent être exécutés le plus rapidement possible, si on ne veut pas que notre région et notre ville puissent mériter le qualificatif d’arriérées.

Décentralisation

La Commission de décentralisation a tenu une séance plénière le 24 à Tananarive. On y a décidé que la Colonie serait divisée en 10 régions subdivisées en 74 districts. Le service judiciaire sera organisé sur de nouvelles bases et les attributions judiciaires des administrateurs seront diminuées. On y a étudié aussi les rapports que devaient avoir les services administratifs avec les autres services. Enfin la commission s’est entendue avec le Général Commandant supérieur en vue de répartir les forces militaires en s’adaptant à la nouvelle organisation territoriale.
Le Tamatave


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28 novembre 2019

Il y a 100 ans : Bassin-abri et port (1)


Nous avons vu des armateurs et des commerçants qui faisaient la grimace ; que leur était-il donc arrivé ? Une déception tout simplement. Ils avaient tout d’abord appris avec joie d’après les délibérations des corps constitués qu’on construirait sans tarder un bassin-abri pour leurs voiliers, mais ils trouvent à présent que ce bassin-abri est long à venir. On leur avait dit qu’il serait bientôt fini, mais il paraît qu’il n’est même pas encore commencé. Ils voient arriver avec effroi la saison des cyclones et des raz de marée, et se demandent comment ils protégeront leurs voiliers.
Naturellement on en rend responsable le Service Régional que l’on a pris à partie en lui demandant ce que signifiait cette fumisterie. Il lui est aisé de répondre que, pour avoir la fin, il faut au moins disposer des moyens. Or ce qui empêche les Travaux Publics d’exécuter ce travail, c’est tout simplement le manque d’un raccord de voie.
En effet, ce bassin-abri consistera en un vaste terre-plein qu’on obtiendra en entassant des pierres depuis la jetée de 200 mètres qui existe déjà, jusqu’à la tête Amiot où on remarque une balise. L’énorme quantité de pierres nécessaires pour remplir cet espace long de 800 mètres environ sera amenée de la carrière de Farafate au moyen de wagons sur rails de chemin de fer. Il y a bien des wagons de Farafate à Tamatave, et les wagons pourraient accéder à l’endroit où se construira le bassin-abri en utilisant la voie du boulevard Galliéni. Mais cette voie où circulent continuellement des wagons, en particulier le tramway militaire de l’Intendance, est trop encombrée pour que son utilisation soit pratique.
Il faudra donc, pour arriver au chantier du bassin-abri, utiliser la voie du T. C. E. qui suit le boulevard d’Ivondro, et installer une voie supplémentaire qui passera par le boulevard Joffre. Mais, pour mettre en communication la voie de Farafate avec celle du T. C. E., un raccord est indispensable, raccord qu’il est impossible de trouver sur place. Voilà pourquoi le bassin-abri n’est pas encore commencé.
(À suivre.)
Le Tamatave



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24 novembre 2019

Il y a 100 ans : Madagascar et la guerre (2)


(Suite et fin.)
D’abord, il importe de mentionner qu’une colonne expéditionnaire, personnel et matériel, fut entièrement organisée à Madagascar en vue d’opérations dans l’est africain allemand. Ce corps fut finalement maintenu à Madagascar. Il n’en représenta pas moins à la fois une réserve éventuelle et un concours moral pour nos alliés anglais. En abandonnant aux Anglais la totalité de l’Est africain allemand, la France s’apprête à faire preuve envers eux d’une générosité que certains seraient fondés à trouver excessive. N’oublions pas, d’ailleurs, que, de diverses façons, notamment par l’envoi de bœufs vivants et de conserves de viande, Madagascar coopéra au ravitaillement des colonnes d’opération anglaises et portugaises, en même temps que notre T. S. F., en interceptant des signaux et les communiquant aux Anglais, contribuait au blocus de la colonie allemande.
Madagascar envoya à la métropole tout le matériel de guerre dont elle pouvait disposer soit plus de 1 200 tonnes.
Mais que dire du concours en hommes qu’elle lui apporta ! Près de 5 000 Européens furent embarqués à destination des armées, chiffre considérable si on le compare à la totalité de la population de Madagascar. Ce prélèvement ne porta préjudice ni à la vie économique de l’île, dont le commerce général bondit de 94 millions en 1914 à 223 millions en 1917, à sa vie administrative puisque le budget de 1916 se clôtura par un excédent de rectales de plus de six millions de francs.
Quant à l’impôt du sang que payèrent les indigènes, en un pays qui n’était français que depuis moins de vingt ans quand éclatèrent les hostilités, leur concours, stimulé par la prime d’engagement, fut remarquable : 45 863 engagés, soit une proportion égale à celle des engagés fournis par l’Afrique Occidentale française. Bien plus, à partir de l’hiver 1917-1918, ces indigènes restèrent toute l’année aux armées, au lieu d’être renvoyés dans le Midi ou en Algérie pendant les froids, ce qui augmenta sensiblement leur rendement.
Henri Labroue,
Député de la Gironde.
Le Tamatave



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23 novembre 2019

Il y a 100 ans : Madagascar et la guerre (1)


Un important concours financier, économique et militaire a été fourni par notre grande colonie de Madagascar à la Métropole, pendant la guerre.
Concours financier. Il s’est traduit par des dons du budget local (deux millions de francs) et des contributions particulières : 5 248 000 francs, soit le chiffre énorme de 1 fr. 50 par habitant, à destination des ambulances coloniales, journées, œuvres diverses où Européens et Malgaches rivalisent de générosité.
Concours économique. En ce qui concerne les produits alimentaires, les exportations de viande frigorifiée passèrent de 4 150 tonnes en 1914 à 16 703 en 1917 ; celle des légumes secs, de 8 993 tonnes en 1914 à 14 346 en 1917 (non compris les pois, qui furent stupidement exclus de l’importation en France et obligés de prendre le chemin de l’Angleterre) ; celle du manioc, en ses diverses formes, de 17 000 tonnes en 1914 à 21 263 en 1917.
En ce qui concerne les produits nécessaires à l’industrie, il fallut la guerre pour que l’industrie française se pourvût de graphite de Madagascar, produit indispensable aux usines de la défense nationale, elle ne l’utilisait jusque-là qu’à la condition qu’il fût allé préalablement se faire baptiser graphite de Colombo en Angleterre. Son exportation passa de 7 000 tonnes en 1914 à 26 000 en 1917. L’exportation des cuirs s’éleva de 5 500 tonnes en 1914 à 8 500 en 1916, en dépit de la répugnance de la routine industrielle française à utiliser les peaux de zébus malgaches que leur bosse, paraît-il, dépréciait (!).
Il fallut aussi les impérieux besoins de la guerre pour que les écorces à tan de Madagascar, jusque-là utilisées par l’Allemagne, prissent enfin le chemin de France ! De même pour le raphia malgache, dont le principal débouché était l’Allemagne avant 1914 ! La guerre a fait découvrir à la France maints produits essentiels de Madagascar.
Concours militaire. Ce concours s’est traduit de divers en façons.
(À suivre.)
Henri Labroue,
Député de la Gironde.
Le Tamatave



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1 novembre 2019

Il y a 100 ans : Bassin-abri (2)


(Suite et fin.)
Il suffirait donc de la prolonger jusqu’à la tête Amiot, en contournant le récif. D’après certains ingénieurs, son coût n’atteindrait pas 300 000 frs, ce chiffre pourrait même être réduit de moitié de la façon suivante.
La Colonie étant propriétaire des carrières de pierre, le T. C. E. pourrait construire un embranchement rejoignant la plus rapprochée de la voie et les blocs de pierre seraient ainsi transportés sans transbordement de la carrière directement sur la jetée. L’économie serait considérable et cet embranchement viendrait à propos pour aider à la construction du port qui, chaque jour, s’impose davantage.
Si, à cette heure, les rails faisaient défaut pour la construction de cet embranchement, en attendant leur arrivée, la plate-forme à construire pourrait recevoir des rails Decauville. Sans doute, dans ce cas, un transbordement serait nécessaire ; mais il peut être facilité par une grue puissante.
La nécessité de la construction de ce bassin-abri s’impose avec plus d’urgence qu’en 1917 car rien ne nous fait prévoir que la mauvaise saison ne nous réserve pas une surprise aussi désagréable qu’à cette époque-là. Dans ce cas le désastre serait complet, c’en serait fait de la navigation côtière, car les voiliers qui restent viendraient à être détruits, et les paquebots ne pourraient assumer le même service ; il leur serait impossible de s’arrêter dans tous les ports de la côte, de plus ils ont le service des grandes lignes à assurer.
Heureusement que, dans la dernière séance des Corps constitués tenue à la Mairie sous la présidence de M. le Gouverneur Général, la construction immédiate de ce bassin a été décidée et l’exécution en sera confiée à M. Bénard, Ingénieur des Travaux publics dont la compétence en cette matière est bien connue.
Il était temps. Si, en effet, M. Lebureau avait attendu pour préparer cet abri que tous les voiliers eussent été détruits, il aurait ressemblé à l’Arabe qui, n’ayant plus de quoi nourrir son âne, le vendit pour acheter de l’avoine.
Le Tamatave



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30 octobre 2019

Il y a 100 ans : Bassin-abri (1)


Parmi les nombreuses questions posées par les Corps constitués à M. le Gouverneur Guyon, lors de son passage à Tamatave, figure celle de la construction d’un bassin-abri pour les voiliers. La question n’est pas neuve. Elle s’est posée d’abord en février 1917 au moment du passage du cyclone qui a détruit des constructions publiques, jeté à la côte sept voiliers appartenant à divers commerçants de ville et dont les débris jonchaient les rochers du boulevard Gallieni. Cet événement avait porté un coup violent au commerce de notre ville et ruiné quelques propriétaires de ces bateaux pour qui cela constituait le seul moyen d’existence. Aussi avait-on proposé de construire un bassin-abri pour voiliers afin d’éviter le retour de pareil désastre.
La construction de ce bassin-abri s’imposait d’urgence aussitôt la mauvaise saison terminée, et avant qu’elle ne recommençât. 1917 s’écoula sans que les pouvoirs publics s’en fussent préoccupés.
Ce ne fut qu’en octobre 1918 que la Commission consultative fit part de ce projet à M. le Gouverneur Général Schrameck. Celui-ci en prit note comme il prenait note de tout, et les Tamataviens apprennent avec joie qu’un crédit de 600 000 francs figurerait dans l’exercice de 1919 en vue de la construction du bassin-abri en question. Mais voilà que l’exercice 1919 va être clos et que va commencer celui de 1920, sans qu’on ait vu un commencement de construction, bien que des études aient été faites.
Pourtant, ce bassin est bien loin d’offrir les difficultés d’exécution qu’exigera le port de Tamatave. Il suffirait d’un empierrement ou jetée en pierres sèches partant de la tête Amiot et contournant le récif ; il arrêterait les vagues déjà brisées par le récif lui-même. La preuve de son efficacité et sa résistance la fournit le morceau de jetée en pierres sèches lancé sur le récif en face de la gare du T. C. E.
Non seulement cette jetée a parfaitement résisté à la violence des vagues, mais encore, malgré son peu d’étendue, elle a abrité suffisamment les remorqueurs et les chalands qui se sont trouvés sous son action.
(À suivre.)
Le Tamatave



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29 octobre 2019

Il y a 100 ans : La mortalité infantile à Madagascar


La question du peuplement de nos colonies est étroitement liée à celle de leur mise en valeur. Elle doit faire l’objet des préoccupations de notre administration au double titre économique et social.
Nous devons protéger les indigènes contre les fléaux qui les déciment.
À Madagascar, une trop grande quantité d’indigènes des Hauts Plateaux sont victimes tous les ans des affections pulmonaires, surtout pendant la saison froide.
A-t-on fait quelque chose pour lutter contre cette cause essentielle de dépopulation ?
L’administration de M. Schrameck répond : « Oui. » Et en effet, une circulaire de 1917 oblige les indigènes à vêtir leurs enfants d’une façon convenable. Elle stipule même que les enfants indigents seront vêtus par les soins du village.
Dans la réalité, cette circulaire demeure lettre morte, et les enfants qui vivent dans la brousse sont nus ou presque nus en toute saison, d’où une mortalité effroyable.
On voit souvent des femmes très confortablement vêtues porter leurs enfants rigoureusement nus à la consultation du médecin.
Interrogées sur cette façon d’agir, elles répondent que la coutume le veut ainsi, et qu’elles n’ont pas été élevées autrement que leurs enfants.
C’est donc cette coutume néfaste qu’il faut s’attacher à combattre et qu’il faut vaincre. Par quels moyens ? C’est à l’administration à les trouver. Elle est justement faite pour cela. Mais, en principe, ni les circulaires ni les arrêtés ne peuvent rien en l’occurrence.
Si les décrets avaient l’omnipotence qu’on leur prête, il y a longtemps, je présume, qu’un député socialiste aurait fait décréter le bonheur universel.
Ce n’est pas un arrêté du gouverneur général qui atténuera la mortalité sur les Hauts Plateaux de la Grande Île. Peut-être est-ce plutôt l’éducation des indigènes qu’il faut envisager.
Le Courrier colonial

Vol

Ces jours derniers, environ 600 francs ont disparu de la caisse du sympathique commerçant de notre place M. Juge. On recherche le voleur.
Le Tamatave


Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 82 titres parus à ce jour.

27 octobre 2019

Il y a 100 ans : Un fonctionnaire malgache meurt à cent huit ans


On a tort de négliger la lecture des journaux officiels, aussi bien des colonies que de la métropole. On y découvre parfois des choses intéressantes même dans la rubrique nécrologique, témoin le Journal officiel de Tananarive du 4 juillet, qui a publié, dans son édition malgache, l’information suivante.
« Raindrasto est mort. Il était né à Tananarive vers l’an 1801, sous le règne de Radama Ier. Il était officier de l’État malgache et a donné toujours satisfaction à ses chefs. Il était également chef du service de poudres à Isoraka et Analakely, et chef de l’agriculture sous le règne de Rainilaiarivony (époux de la reine Ranavalona).
« Il a la médaille d’Ordre du Mérite du gouvernement français.
« Décédé le 28 juin 1919, il était bien connu de son pays et avait beaucoup de monde pour suivre son cortège funèbre.
« Il a vu jusqu’à la cinquième génération de ses descendants.
« Il est bon d’ajouter que cinq de ses petits-fils sont engagés volontaires dont deux sont morts pour la France. »
Le Courrier colonial

Exportations

Le vapeur Clan Macewen de la firme Cayser-Iroine and C° Ltd a embarqué dans notre port les marchandises suivantes :
Pour le Havre : graphite 1 362 119 k. (dont 500 t. environ marques SLM, 300 marques diverses), peaux brutes arséniquées 332 442 k., peaux brutes de mouton 2 975 k., café en fèves 5 055 k., fécule de manioc 39 471 k., farine de manioc 60 122 k., tapioca 9 867 k.
Pour Londres : corindons 49 470 k., raphia 80 000 k., farine de bananes 4 891 k., billes d’ébène 61 021 k., billes de palissandre 11 307 k., graphite 6 900 k.
On annonce que cette Cie enverra un vapeur tous les mois.
Le voilier Protea a embarqué pour Durban 240 555 k. de riz entier.
Le vapeur Ville d’Oran a embarqué dans notre port les marchandises suivantes pour la Réunion : 50 k. de conserves de viande, 300 k. de charcuterie, 8 840 k. arachides, 13 285 k. saindoux, 8 200 k. salaisons de porc, 1 300 k. de salaisons de bœuf, 2 000 k. de grains, 1 100 k. de café en fèves, 43 960 k. de maïs en grains, 167 k. de ciment, 35 000 k. bœufs vivants.
Le Tamatave


Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 82 titres parus à ce jour.

6 octobre 2019

Il y a 100 ans : Le scandale de Madagascar


On se rappelle les circonstances dans lesquelles le trop fameux Schrameck – déjà connu pour ses agissements comme préfet de l’Aisne, puis comme directeur de l’administration pénitentiaire – a été désigné comme gouverneur intérimaire de Madagascar.
Le gouverneur, M. Garbit, après avoir rendu de grands services à notre grande colonie, par son administration active et intelligente, avait mené à bien la mobilisation malgache.
Quand cette tâche eut été accomplie, il demanda lui-même à revenir en France, prendre son poste de combat, et Schrameck fut alors désigné pour exercer l’intérim du gouvernement de Madagascar.
Il trouve sans doute le séjour agréable et le poste avantageux, car il ne veut plus rendre sa place ; bien plus, il se lance dans de vastes projets, pour lesquels il demande la bagatelle de 400 millions, dont il refuse, d’ailleurs, de laisser contrôler l’emploi.
Cela ne va pas sans protestations de la part de ses administrés qui espéraient voir finir, avec la guerre, nos déplorables pratiques d’autrefois, qui comptaient que nos colonies prendraient un nouvel essor sous la direction d’hommes compétents et qui se trouvent tomber de nouveau sous la coupe d’un fonctionnaire politicien, dont le passé n’est pas fait pour leur donner confiance.
Les chambres de commerce exigent, si un emprunt est contracté, qu’un organe sérieux de contrôle soit constitué ; elles ont adressé leurs protestations en haut lieu, et saisi M. Henri Simian, ministre des colonies, de leurs justes réclamations. Schrameck vient de débarquer à Marseille, sans doute pour fournir les explications nécessaires.
Espérons que le ministre aura l’énergie de ne pas laisser aux mains d’un pareil intérimaire l’œuvre admirable fondée par Gallieni.
L’Action française

Importations

Le vapeur Australcrag consigné à la Cie Lyonnaise a débarqué dans notre port les marchandises suivantes : 9 000 caisses essence de pétrole, 15 948 caisses pétrole, 664 barriques huile à graisser, 2900 caisses huile à graisser, 170 barils graisse minérale, 625 caisses graisse minérale, 1 100 rouleaux Texaco Roofing, 70 caisses Texalène, 75 caisses peinture asphalte.
Le Tamatave


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5 octobre 2019

Il y a 100 ans : Le coup de canon de 8 heures


On ne saurait se figurer les inconvénients qui ont résulté de la suppression de ce coup de canon, arbitre de toutes les horloges et montres de notre ville auxquelles il imposait l’heure vraie de sa voix impérative. Dès qu’elle se faisait entendre, tous les chronomètres sortaient des poches pour se voir mis d’accord avec lui. Depuis que ce maître ne parle plus, horloges et montres vont à leur propre gré, ou plutôt au gré de leurs propriétaires. Ainsi les montres des employés retardent toujours tandis que celles des patrons avancent continuellement. Celle du chef de gare, on ne sait pourquoi, a quelquefois de l’avance sur celles des voyageurs, tandis que ceux-ci se plaignent souvent de voir retarder l’horloge du lieu de destination. Mais le plus grand écart que l’on puisse constater est bien celui qui existe entre l’heure des maîtres et celle des élèves qui ne sont jamais d’accord, sauf le jeudi et le dimanche.
Cet état de choses donne lieu à des discussions interminables entre les uns et les autres – discussions qui n’auraient pas lieu si l’arbitre tonnant venait les trancher tous les jours. Vraiment, l’économie qu’on réalise ne compensera jamais les inconvénients qui en résultent.

La route d’Ambodiriana

On nous signale que cette route est dans un état lamentable. En plusieurs endroits, la végétation a recouvert la route qui disparaîtra complètement sous les broussailles si on n’y remédie pas. En d’autres endroits, elle est encombrée par des tas de terre glaise qui contribuent également à la rendre impraticable, en d’autres aussi, la caillasse coupe les pneus des pousse-pousse, motocyclettes et automobiles. De plus, au-delà du 21e kilomètre, la route n’est plus qu’un sentier malgache tout bourbeux et qui n’est accessible qu’aux piétons.

Les fêtes de la Paix

Dans notre dernier numéro, nous avons oublié de signaler les belles décorations de la ville dues à notre sympathique agent voyer M. Lepervenche et celles de la kermesse auxquelles M. Tréal des Travaux publics a pris une large part. À ces deux fonctionnaires, toutes nos félicitations.
Le Tamatave


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4 octobre 2019

Il y a 100 ans : Madagascar est une autre Golconde (2)


(Suite et fin.)
Non, M. Lacroix a simplement observé que « la scapolite jaune forme des cristaux allongés suivant l’axe vertical et dont quelques-uns atteignent plusieurs centimètres de longueur. Ce sont des prismes quadratiques, à faces creusées de profonds sillons longitudinaux ; ils sont dépourvus de sommets, mais quelques-uns paraissent avoir été basés. Toutefois, les faces terminales sont remplacées par une série de surfaces coniques, lisses et brillantes, rappelant celles du béryl de Sahanivotry, sous la réserve qu’il n’y existe aucun plan mesurable. » Ouf !
Certes, M. Lacroix, tout ceci est bon à savoir, mais combien vos travaux seraient suivis de plus près, si vous nous disiez les propriétés « bénéfiques » ou maléfiques de la scapolite jaune, si, comme l’opale, elle porte malheur, si elle est aussi néfaste que le diamant bleu, ou si, au contraire, elle fera trouver le prince charmant à la bergère qui portera la scapolite à son doigt ?
Ah ! qui nous dira les vertus cachées des gemmes de la Grande Île ?
Le Courrier colonial

Soirée théâtrale indigène

L’abondance des matières nous a empêché de parler de la soirée théâtrale donnée par les indigènes dans la soirée de samedi dernier.
Elle fut en tout point réussie : les artistes ont été excellents – la salle était joliment occupée – et l’on remarquait de ravissantes toilettes.
Tout s’est passé, du reste, avec une parfaite correction et nous félicitons vivement les organisateurs de cette belle soirée.
Le même jour, MM. les sous-officiers ont donné un bal qui a été également un gros succès.
Le Colonel commandant d’armes, M. l’Administrateur-Maire et beaucoup d’invités de marque et leurs dames se sont fait un plaisir de répondre à l’invitation de ces messieurs.
Beaucoup de monde et beaucoup d’animation à ce bal qui s’est prolongé jusqu’au matin.
Dimanche soir, le bal donné à l’école officielle d’Ambodimanga a été également très réussi. Très nombreuse assistance, ravissantes toilettes de nos belles ramatoas, nombreux smokings impeccables, portés par nos élégants faux-cols.
L’orchestre était malheureusement un peu maigre, ce qui a nui un peu à l’entrain de cette fête laquelle, malgré tout, a été un succès. Tout s’est passé avec la plus parfaite correction.
Le Tamatave


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