12 mars 2010

Les parents les plus stricts du monde à Madagascar

Je me suis enfilé, comme on enfile des perles (aux cochons), deux émissions à la suite sur M6, la petite chaîne qui monte, comme on dit. C'était au moins une de trop. Quoique... De voir Les parents les plus stricts du monde à Kinshasa m'a quand même préparé à les voir ensuite à Antananarivo. Une préparation en guise d'énervement croissant devant ce "concept" (c'est parfois presque un gros mot, "concept", mais c'est ainsi qu'ils disent, sur M6) assez curieux. Si, par accident, vous n'en aviez pas entendu parler, je vous le copie/colle tel que le site officiel présente la chose:
Dans «Les parents les plus stricts du monde», deux adolescents en crise partent une semaine à l'autre bout du monde dans une famille d'accueil francophone, beaucoup plus stricte que la leur, pour découvrir d'autres règles éducatives. Immergés dans une culture aux antipodes de leurs repères familiers, ils vont devoir respecter ces nouvelles règles de vie, parfois dans la douleur. Mais, au fur et à mesure de leur vie au sein de cette famille, ils vont prendre du recul sur leur comportement habituel, deviendront moins centrés sur eux-mêmes, et réapprendront à communiquer avec des adultes et à avoir confiance en eux. Intégration, travail, culture, échanges, règles de vie sont autant de nouveautés à explorer pour mieux respecter les autres et pour se respecter soi-même.
Pourront-ils s'ouvrir au monde? Arriveront-ils à changer de comportement de retour à la maison? Réussiront-ils à mieux s'intégrer? Et au final: ce séjour les aidera-t-il à mieux vivre leur passage vers le monde des adultes? C'est au contact d'une famille différente qu'ils vont peut-être changer de vie…
Les deux émissions (et peut-être toutes les autres, que j'éviterai soigneusement de regarder à l'avenir) sont construites selon le même schéma: un garçon de 17 ans et une fille de 15 ans débarquent dans cette famille lointaine, opposent aux règles de cette famille toute l'inertie acquise pendant leurs années de je-m'en-foutisme, se ferment, boudent, piquent des colères. Puis, miraculeusement, découvrent le plaisir de faire quelque chose pour les autres, sourient, paraissent presque heureux. En une semaine (une semaine!), on passe de la répétition du mot "strict" à celle de "changer".
Magnifique, non?
Sinon qu'il est impossible d'y croire plus de quelques minutes. Cela sent à plein nez l'émission scénarisée, truquée au dernier des points, montée de toutes pièces. Soutenue par un commentaire off totalement insupportable de lourdeur.
Demandez aux éducateurs qui tentent des expériences hors du milieu des adolescents en crise s'il est facile de les faire changer sur une durée plus longue. Ces quelques jours sont une insulte au travail de fond que réalisent, péniblement, celles et ceux qui prennent réellement en charge les problèmes de ces jeunes.
On me dira que je n'ai rien compris. Que le contact avec un pays pauvre (car le pays pauvre, s'il n'est pas exprimé dans la déclaration d'intention de l'émission, fait évidemment partie du "concept") est un électrochoc permettant la prise de conscience de ce qu'ils ne sont, en réalité, pas si malheureux dans leurs familles... Tiens donc!
Tout ce qui précède concerne les deux émissions vues hier soir.
Quant à Madagascar en particulier, maintenant...
Tout au début, nous apprenons que "on y parle le malgache mais la langue officielle est le français." On a bien fait de venir. Marie et Mickaël aussi, le second glissant discrètement (mais pour que nous l'entendions bien) à l'oreille de la première, sur le trajet (en 4x4) qui les conduit d'Ivato à Tanjombato: "Ils marchent pieds nus!" Indignation, stupéfaction, incrédulité...
Heureusement (pour eux), la famille d'accueil habite une maison très correcte, dans une cité fermée par une barrière. La sécurité, vous comprenez...
Bon, je ne vais pas vous faire le récit complet de ce que vous avez peut-être manqué (auquel cas vous n'avez rien manqué). Antananarivo et Madagascar sont finalement peu présents dans ce que M6 qualifie de documentaire (à mes yeux, il s'agit plutôt d'une "docu-fiction"). Il y a bien les paysages, les maisons des Hautes Terres, les enfants, les gens qui travaillent dur, les pavillons d'Analakely et, à la fin, le parc de Tsimbazaza où l'on verse quelques larmes, soulagement, bonheur et autres sentiments mélangés, surjoués, définitivement irritants.
Madagascar, terre de contrastes pour qui n'a jamais rien vu hors de son environnement français. Oui, et alors? Une mauvaise émission reste une mauvaise émission.

P.S. Si vous l'avez pensé, vous ne vous êtes pas trompés, je suis un peu en colère...

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