Dans chaque numéro du Journal Officiel de Madagascar on peut
lire l’avis suivant :
Le Journal
Officiel de Madagascar et Dépendances
publie, sous la rubrique : « Morts au champ d’honneur ! »
les noms de tous ceux tombés glorieusement pour la patrie qui, à un titre
quelconque, se rattachaient à la colonie : militaires de tous grades et
fonctionnaires qui y ont été en service, colons qui y ont séjourné, parents des
personnes qui y sont fixées.
C’est là un livre d’or
vraiment colonial, vraiment démocratique : tous les coloniaux égaux devant
l’autel de la Patrie, égaux dans le sacrifice, égaux dans la gloire. Il n’y a
rien là qui ne puisse être approuvé de tout le monde.
Mais voici que le
ministre des Colonies établit, lui aussi, son livre d’or colonial. Partant sans
doute de ce principe que les colonies ne sont faites que pour les budgétivores,
il n’y admet que les militaires et les fonctionnaires. C’est bien cela. Les
colons ? D’abord, est-ce qu’il y en a ? et, s’il y en a, est-ce que
ça mérite l’honneur qu’on s’occupe d’eux ?
Puis, dans un discours,
se ravisant, il annonce que « l’activité
économique aurait repris dans les colonies. »
L’activité
économique ? Mais cela laisserait entendre que dans les colonies il y a
des colons, mais des colons qui travaillent, et réagissent de leur mieux contre
les difficultés de la situation.
Le ministre oublie que
s’il y a eu crise, et si l’activité économique a subi un temps d’arrêt, ce
n’est pas à la mobilisation qu’on le doit, mais à l’impossibilité d’exporter
les produits coloniaux par suite soit du manque de bateaux pour transporter ces
produits, soit des prohibitions d’exportations édictées par le même
gouvernement dont fait partie ce même ministre des Colonies.
Qu’on nous donne des
bateaux pour transporter nos produits, et qu’on facilite la sortie des produits
qui ne sont pas contrebande de guerre, et le ministre verra si l’activité
économique ne reprend pas vite aux colonies, grâce aux colons qu’il rejette de
son livre d’or.
Le Tamatave
Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 24 titres parus à ce jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire