Nous aimons à espérer que
désormais l’Administration ne nous donnera plus des spectacles aussi navrants
que celui de mercredi dernier.
La foule qui assistait à
cette triple exécution a été écœurée de voir la façon dont l’exécution a été
faite.
Pour achever un des
condamnés qui n’avait reçu du peloton que deux blessures insuffisantes pour
provoquer la mort, l’une au flanc droit et l’autre à la tête, cette dernière
provenant du coup de grâce, il dut, gisant sur le sol, être achevé tel un
animal par quatre coups de revolver successifs dont deux à la tête et deux
autres au cœur.
Ce fut une véritable
boucherie et il s’écoula 12 minutes
entre l’exécution et la mort réelle du condamné.
C’est horrible de penser
qu’on puisse faire souffrir un être humain que la justice avait condamné à mort
mais non à pareil supplice.
Que prévoit la loi ?
L’article 12 du code pénal dit : « Tout
condamné à mort aura la tête tranchée. »
Pourquoi n’en est-il pas
ainsi à Madagascar et passe-t-on par les armes les gens qui, condamnés par les
tribunaux civils, relèvent uniquement de la guillotine ?
Si nous revenons
aujourd’hui sur cette question si délicate qui avait déjà fait, il y a quelques
années, l’objet d’une demande très judicieuse de notre ancien Gouverneur
Général auprès du Ministère des Colonies, c’est d’abord pour éviter aux yeux de
la foule des scènes aussi pénibles, aussi barbares que celles qui se sont
produites le 6 mai. La guillotine tue sûrement et proprement et son emploi
impressionnera plus profondément l’indigène qui se montre incrédule devant
l’efficacité des balles.
Lors de la dernière
exécution, les indigènes ne se sont pas gênés pour dire à haute voix que leur
compatriote comme Haka, l’un des assassins de M. A. Bonnemaison,
possédait un puissant fanafody contre
les balles, et là-dessus ils racontent une foule d’histoires sur des exécutions
capitales qui auraient soi-disant raté vu les talismans dont les condamnés
étaient soi-disant pourvus.
Il importe de faire
cesser ces superstitions qui prennent de plus en plus racine dans l’esprit par
trop crédule de l’indigène, tant pour le bon maintien de notre puissance que
pour mettre fin à tous ces errements.
(À suivre.)
La Dépêche malgache
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