9 juin 2015

Il y a 100 ans : Routes de rêve

Ceux de nos lecteurs qui ont feuilleté une notice publiée, en 1902, sous les auspices du gouvernement, et intitulée : Diego-Suarez, ont pu voir, mentionnée parmi les moyens de communication, la route d’Antsirane à Vohémar, et traversant la forêt d’Ambre.
Quel est le scribe qui a bien pu rédiger ce passage ? Sur quels documents a-t-il étayé son argumentation ?
Aujourd’hui, an de grâce 1915, malin serait celui qui pourrait se servir de cette route, pour la raison bien simple qu’elle n’a jamais existé.
Tout récemment, les habitants ont eu une lueur d’espoir, ce fut lors du passage du gouverneur général… Mais il n’en fut rien.
D’ailleurs, peut-être fit-on bien ! Cette route ou, plus exactement, ce projet de route demanderait aujourd’hui à être modifié, en raison de la route des Placers sur laquelle le tracé devrait s’amorcer de préférence à la route de la Montagne d’Ambre.
Reliant alors Vohémar à Antsirane, cette route serait la route rêvée (je ne dis plus : la route de rêve) et vivifierait le nord de la Grande Île ; l’agriculture y trouverait un auxiliaire immédiat ; quant à l’industrie et au commerce, ils en recevraient une impulsion qui se ferait sentir, par ricochet, à Diégo et à Vohémar.
Et puisque j’ai parlé de la route des Placers, accordons-lui aussi quelques lignes. Cette route a cela de particulier, qu’elle ressemble au chemin de fer de Tamatave à Tananarive. Peut-être est-ce une particularité propre à Madagascar, mais je me souviens qu’en 1906 – ou 1907 – il fallait, pour user de cette voie ferrée, prendre un bain ou le bateau, le rail disparaissant au canal des Pangalanes.
Or, la route des Placers, qui eut jadis son utilité, reconnaissons-le, coûte très cher et n’est pas achevée. Plus d’un entrepreneur y perdit son temps et son argent, et maintenant, on y… perd pied chaque fois que la route traverse un cours d’eau, l’état de guerre ne permettant pas la livraison des ponts métalliques.
Il est vrai qu’on va y installer des ponts en bois… Mais quand ?… L’aoriste est un temps grec qui cadre mal avec ces 100 kilomètres de route qu’on ne peut utiliser à moins de savoir nager.

Le Courrier colonial

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