Ceux de nos lecteurs qui
ont feuilleté une notice publiée, en 1902, sous les auspices du gouvernement,
et intitulée : Diego-Suarez, ont
pu voir, mentionnée parmi les moyens de communication, la route d’Antsirane à
Vohémar, et traversant la forêt d’Ambre.
Quel est le scribe qui a
bien pu rédiger ce passage ? Sur quels documents a-t-il étayé son
argumentation ?
Aujourd’hui, an de grâce
1915, malin serait celui qui pourrait se servir de cette route, pour la raison
bien simple qu’elle n’a jamais existé.
Tout récemment, les
habitants ont eu une lueur d’espoir, ce fut lors du passage du gouverneur
général… Mais il n’en fut rien.
D’ailleurs, peut-être
fit-on bien ! Cette route ou, plus exactement, ce projet de route demanderait
aujourd’hui à être modifié, en raison de la route des Placers sur laquelle le
tracé devrait s’amorcer de préférence à la route de la Montagne d’Ambre.
Reliant alors Vohémar à
Antsirane, cette route serait la route rêvée (je ne dis plus : la route de
rêve) et vivifierait le nord de la Grande Île ; l’agriculture y trouverait
un auxiliaire immédiat ; quant à l’industrie et au commerce, ils en
recevraient une impulsion qui se ferait sentir, par ricochet, à Diégo et à
Vohémar.
Et puisque j’ai parlé de
la route des Placers, accordons-lui aussi quelques lignes. Cette route a cela
de particulier, qu’elle ressemble au chemin de fer de Tamatave à Tananarive.
Peut-être est-ce une particularité propre à Madagascar, mais je me souviens
qu’en 1906 – ou 1907 – il fallait, pour user de cette voie ferrée, prendre un
bain ou le bateau, le rail disparaissant au canal des Pangalanes.
Or, la route des Placers,
qui eut jadis son utilité, reconnaissons-le, coûte très cher et n’est pas
achevée. Plus d’un entrepreneur y perdit son temps et son argent, et
maintenant, on y… perd pied chaque fois que la route traverse un cours d’eau,
l’état de guerre ne permettant pas la livraison des ponts métalliques.
Il est vrai qu’on va y
installer des ponts en bois… Mais quand ?… L’aoriste est un temps grec qui cadre mal avec ces
100 kilomètres de route qu’on ne peut utiliser à moins de savoir nager.
Le Courrier colonial
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