La Justice a évolué à
Madagascar. Autrefois les indigènes avaient le droit de se pourvoir en
cassation, il n’y a même pas bien longtemps et nous ne souvenons pas exactement
de la date, mais il y eut des exemples qu’il serait facile de retrouver.
En 1905 parut un décret
ainsi conçu : « En matière criminelle et correctionnelle, les arrêts
et jugements rendus en dernier ressort par la Cour d’appel et les tribunaux de
Madagascar sont susceptibles de recours en cassation lorsqu’ils intéressent les
Européens ou assimilés. »
De cette façon, les
indigènes sont nettement privés de ce privilège et pourquoi ?
Dans une affaire
retentissante qui vient de se dérouler devant la Cour Criminelle de Tamatave,
les prévenus du crime d’assassinat sur la personne de l’entrepreneur Chabas
furent condamnés, sauf l’un d’eux, à la peine des travaux forcés à perpétuité,
savoir : Joseph Thomas, Gaston Morange et Laurent Marcel.
Les deux premiers, en
qualité d’Européens ou assimilés, avaient droit au recours en cassation, tandis
que pour Laurent Marcel sa condamnation était définitive.
Pour de la justice, c’est
étrange. On admet pour les indigènes l’égalité devant la peine, mais pour eux,
point de recours en cassation, pas de loi de sursis, même quand ils ont des
Européens ou assimilés comme co-inculpés dont la mentalité est, dit-on,
toujours supérieure à la leur.
Il y a là une erreur, une
faute grave du législateur.
Ce qui fait la beauté de
la loi, c’est de mettre tous les hommes sur le même pied d’égalité.
Dans la salle des débats,
les personnes qui aiment la justice et s’intéressent à elle ont été péniblement
impressionnées lorsque le Président de la Cour déclara à deux condamnés qu’ils
avaient droit au recours en cassation et à l’indigène que ce privilège ne lui
était pas accordé, étant indigène.
La chose parut d’autant
plus choquante que les deux condamnés sont des étrangers, des Mauriciens,
c’est-à-dire Anglais, tandis que l’indigène Laurent Marcel est un sujet
français.
(À suivre.)
La Dépêche malgache
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