Les Parisiens
auraient-ils oublié jusqu’aux traits de la reine Ranavalo ? Il serait
presque permis de le croire.
Hier, à l’intersection de
l’avenue de l’Opéra et de la rue de la Paix, parmi la file des voitures et des
autos immobilisées sur un signe d’un gardien de la paix, se trouvait un landau
découvert dans lequel avaient pris place trois personnes, dont deux à la
physionomie couleur cachou. L’une, la plus jeune, était la reine
Ranavalo ; l’autre, la princesse Ramasindrazana, sa tante. La troisième
était la dame d’honneur de Ranavalo.
Les promeneurs jetaient
en passant un coup d’œil indifférent sur les trois voyageuses, sans se douter
de la présence de la reine de Madagascar.
Durant ce temps, Ranavalo
contemplait d’un regard curieux, bien que légèrement voilé de mélancolie, le
spectacle mouvementé de la rue. Fort peu changée, la Reine ! Il nous a
paru, toutefois, qu’un léger embonpoint corrigeait la gracilité de ses formes…
Mais la circulation fut
rétablie sur un nouveau signe du gardien de la paix. La file des voitures
s’ébranla et Ranavalo disparut du côté de la Madeleine. La Reine s’embarquera
ces jours-ci à Marseille pour Alger.
Le Gaulois
Conseils d’arbitrage
Dès l’année 1905
l’autorité locale cessa à Madagascar d’intervenir préventivement dans les
rapports entre les employeurs et les employés, et s’appliqua à faciliter le
règlement des contestations auxquelles l’exécution des conventions de travail
devait donner lieu. Sous le nom de Conseils d’arbitrage elle créa une
juridiction spéciale, inspirée de l’institution métropolitaine des Conseils de
prud’hommes.
Ces dispositions
soulevèrent quelques critiques. Le nombre de ces tribunaux particuliers parut
trop peu élevé eu égard à la superficie de la grande île, les frais de
procédure parfois disproportionnés avec l’importance minime du litige,
l’entretien en prison à la charge de l’Européen, de l’indigène condamné à la
contrainte par corps, souvent trop onéreux, l’absence de régime disciplinaire
pour les membres de ces juridictions, préjudiciable au bon fonctionnement de
celles-ci. Aussi un décret paru ce matin à l’Officiel apporte quelques modifications à ces Conseils.
Journal des Débats politiques et
littéraires
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