La Grande Île a-t-elle
été colonisée par les Juifs ?
La présence d’une colonie
juive à Madagascar a été signalée, pour la première fois, par Flacourt dans son
Histoire de la grande isle de Madagascar,
éditée à Paris en 1658. Plus tard, Robert Drury, un Anglais, qui y resta captif
pendant quinze ans, donna des renseignements plus complets sur certaines
cérémonies cultuelles et y ajouta également quelques détails sur les lois
civiles. Ce sont, à notre connaissance, les seuls auteurs qui traitèrent de ce
sujet avant la conquête française.
Depuis, nous avons eu de
remarquables travaux de M. A. Grandidier qui admet, avec Flacourt, la
présence d’une colonie juive à une époque très éloignée ; il croit même
avoir découvert quelques traces, sinon de la langue hébraïque dans l’idiome
malgache, du moins des similitudes assez frappantes avec certains noms
bibliques. Mais il nous faut mentionner, par contre, les recherches de
M. Gabriel Ferrand qui nie absolument l’influence juive à Madagascar et
prétend que toutes les preuves en faveur de cette influence concernent en
réalité l’action arabe.
Nous n’avons pas
l’intention ici de faire un cours de linguistique comparée ni de théologie.
Nous nous bornerons à raconter simplement aux Malgaches leur histoire, d’après
les documents que nous avons eus à notre disposition.
Flacourt, qui paraît
avoir été admirablement renseigné sur l’histoire des Juifs, suppose que les
Zafé-Ibrahim (actuellement les Betsimisaraka) sont arrivés dans l’île de
Sainte-Marie antérieurement à la captivité des Juifs à Babylone, soit environ
six cents ans avant notre ère. Or, il est prouvé à l’heure actuelle par la
découverte d’inscriptions qu’il se trouvait alors, en Afrique, des colonies
juives pratiquant toujours un culte idolâtre. Le culte juif, tel qu’il est
actuellement pratiqué dans la synagogue, n’existait pas encore ; on aurait
donc tort de rejeter notre thèse, parce que les Malgaches pratiquent d’autres
cérémonies qui datent aussi de l’Antiquité ! Ces Juifs primitifs ont
quitté leur patrie et leurs frères, trop tôt pour pouvoir profiter de
l’enseignement des prophètes et des prêtres qui ont réformé le culte après leur
départ.
(À suivre.)
S. Ferarès.
Le Courrier colonial
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