(Suite et fin.)
À l’époque où les
Betsimisaraka (Zafé-Ibrahim) s’établirent définitivement à Madagascar, ils y
trouvèrent peu ou pas d’habitants ; s’il en existait, ils étaient sans
doute en nombre infime et dans un état de civilisation bien inférieur à celui
des nouveaux venus. Les Betsimisaraka ont donc pu imposer à ces autochtones
« leur loi » (la loi de Moïse) et leur religion ; ils les ont
fait profiter des bienfaits de leur civilisation, quelque primitive et
défectueuse qu’elle fût alors, mais qui, en tout cas, devait être supérieure à
celle des autres habitants puisqu’elle s’est maintenue, avec quelques
modifications, jusqu’au dix-neuvième siècle. Après avoir été les maîtres de
l’île, ils ont été, à leur tour, asservis par les Hovas et les Arabes.
De ce qui précède, il
résulte que ceux qui s’occupent de l’histoire de Madagascar ne doivent pas se
baser uniquement sur les documents arabes, qui sont d’une époque relativement
récente, comparée à celle de l’arrivée des colons hébreux. L’étude de tout ce
qui touche aux Betsimisaraka présente, à ce point de vue, le plus haut intérêt.
C’est elle qui nous a permis d’établir, dans une récente brochure
intitulée : Les Lois malgaches et le
Pentateuque, parue chez Durlachet à Paris :
1° Que le culte
pratiqué par les Malgaches est le culte antique des hébreux.
2° Que les lois
civiles, telles qu’elles sont indiquées dans le livre de
M. G. Julien, portent l’empreinte de la loi de Moïse.
3° Que la langue
malgache, telle qu’on la parlait anciennement avant l’arrivée des Arabes,
renferme des traces d’hébreu et de chaldéen.
Les Betsimisaraka ont
donc joué, à Madagascar, un rôle important, dont ils auraient le droit d’être
fiers s’ils le connaissaient. Aujourd’hui où ces indigènes sont devenus les
égaux de leurs vainqueurs, les Arabes et les Hovas, il serait bon de leur
remettre le passé en mémoire pour qu’ils cherchent à reprendre dans l’île une
place analogue à celle qu’ils y occupaient jadis.
Ils pourraient collaborer
activement au développement matériel et intellectuel de Madagascar, comme leurs
ancêtres l’ont fait, pendant des siècles, comme les Hovas l’ont fait avant
l’arrivée des Européens.
S. Ferarès.
Le Courrier colonial
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