Quelqu’un se
rappelle-t-il encore aujourd’hui que Nossi-Bé a été le premier jalon planté –
voici déjà soixante-dix ans – en vue de la reconstitution de notre empire
colonial dans l’océan Indien ?
Absorbée dans l’ensemble
du gouvernement malgache, elle est peu connue aujourd’hui en France. Pour
beaucoup de nos concitoyens, le séjour qu’y fit, il y a neuf ans, l’escadre
russe dans son périple vers la catastrophe de Tsou-Shima, leur révéla l’existence
même de Nossi-Bé. Plusieurs marins désertèrent ; mais l’île est exiguë (elle a moins de 30 000 hectares) : aussi furent-ils vite
rattrapés et souvent pendus aux vergues.
Nossi-Bé mérite mieux que
ce souvenir pénible. C’est une terre enchanteresse qui attirerait aussurément,
si elle était plus connue, les touristes amateurs de beautés naturelles.
Hell-Ville, la
« capitale », s’étage, gracieuse et boisée, au fond d’une petite
baie. Ses pittoresques maisons, dont plusieurs bâtiments en pierre datent de
l’amiral Hell, sont ombragées de grands arbres d’essences variées, où dominent
le natte, le badamier et le cocotier.
À 1 kilomètre à
peine en arrière est un village dont les paillotes, construites sur des
poutres, laissent un espace libre de 1 mètre entre le sol et le plancher.
Le long de la « rue » principale, des artistes indigènes tissent des
pagnes multicolores et des chapeaux de paille.
À l’autre bout de l’île,
on trouve Ambatoron, petite localité de 1 700 habitants, blottie au
fond d’une de ces anses nombreuses dont la côte est découpée. Elle est curieuse
avec ses maisons arabes, témoins d’une domination passée, et ses ruelles
tortueuses sur lesquelles avancent les toits.
La végétation est
exubérante dans cette île fertile et les ravages des cyclones y sont vite
réparés.
Malheureusement,
l’évaporation des eaux de nombreux ruisseaux, la Bia, la Tanoë, la Comoë,
entretient dans la forêt une humidité malsaine. En revanche, les effets de
lumière au soleil couchant y sont merveilleux. Partout se combinent des panoramas
de montagnes, de forêt et d’océan, d’une harmonie prenante.
Il serait facile
d’assainir cette petite Suisse tropicale et d’y organiser des installations
confortables qui attireraient le touriste et feraient la richesse de l’île.
Le Courrier colonial
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