La colonie de Madagascar
possède une superbe tapisserie de la manufacture des Gobelins qui se trouve
dans la salle à manger du palais de la Résidence à Tananarive, c’est « la
famille de Darius aux pieds d’Alexandre », d’après un superbe carton du
peintre Le Brun. Cette tapisserie ayant environ 6 mètres sur 5 a été
malheureusement tendue et clouée sur un châssis et ensuite vissée à un cadre.
Celui qui a donné de pareils ordres devait totalement ignorer la valeur de
cette œuvre.
De ce fait, cette
tapisserie a eu sa bordure complètement abîmée par les mites. Aussi M. le
gouverneur général, estimant qu’on ne pouvait laisser en cet état un Gobelin de
pareille valeur, avait songé à l’envoyer depuis longtemps en réparation à
Paris. Mais il fallait quelqu’un de compétent pour pouvoir faire enlever, sans
accidents, cette précieuse tapisserie.
Profitant du séjour à
Tananarive du peintre Supparo, M. Picquié chargea celui-ci, à titre
gracieux, de s’occuper de cette délicate besogne. Le jeune artiste sut s’en
acquitter très habilement ; il dirigea lui-même les travaux de
déclouage ; et quand on pense que la cadre en palissandre, de l’épaisseur
de 0 mètre 50, pesait à lui seul près de 400 kilogrammes, on juge
que le travail n’a pas dû être facile.
M. Supparo a
soigneusement emballé la tapisserie, enroulée autour d’un cylindre, dans une
caisse doublée de zinc, et c’est ainsi qu’elle a pris le chemin de la capitale
pour y subir les réparations que nécessite son piteux état.
Pour cacher la partie nue
et attendre le retour à la Résidence de la tapisserie, cet artiste a été chargé
par M. Picquié de placer au même endroit la superbe toile du peintre Fruc
Lamy, le Printemps. Ce tableau, don
de l’artiste, doit figurer au musée de Tananarive. Un châssis à clef a été
exécuté pour cette grande toile qui a sensiblement les mêmes dimensions que la
tapisserie. M. Supparo a fait continuer le lambris de la salle à manger,
qui constitue en même temps le cadre de l’œuvre de Fruc Lamy ; aussi au
dîner offert à la Résidence par M. et Mme Picquié, le 4 avril
dernier, tous ont-ils été surpris du joli effet de la salle.
Le Courrier colonial
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