23 juillet 2014

Il y a 100 ans : Le Gobelin de la Résidence de Tananarive

La colonie de Madagascar possède une superbe tapisserie de la manufacture des Gobelins qui se trouve dans la salle à manger du palais de la Résidence à Tananarive, c’est « la famille de Darius aux pieds d’Alexandre », d’après un superbe carton du peintre Le Brun. Cette tapisserie ayant environ 6 mètres sur 5 a été malheureusement tendue et clouée sur un châssis et ensuite vissée à un cadre. Celui qui a donné de pareils ordres devait totalement ignorer la valeur de cette œuvre.
De ce fait, cette tapisserie a eu sa bordure complètement abîmée par les mites. Aussi M. le gouverneur général, estimant qu’on ne pouvait laisser en cet état un Gobelin de pareille valeur, avait songé à l’envoyer depuis longtemps en réparation à Paris. Mais il fallait quelqu’un de compétent pour pouvoir faire enlever, sans accidents, cette précieuse tapisserie.
Profitant du séjour à Tananarive du peintre Supparo, M. Picquié chargea celui-ci, à titre gracieux, de s’occuper de cette délicate besogne. Le jeune artiste sut s’en acquitter très habilement ; il dirigea lui-même les travaux de déclouage ; et quand on pense que la cadre en palissandre, de l’épaisseur de 0 mètre 50, pesait à lui seul près de 400 kilogrammes, on juge que le travail n’a pas dû être facile.
M. Supparo a soigneusement emballé la tapisserie, enroulée autour d’un cylindre, dans une caisse doublée de zinc, et c’est ainsi qu’elle a pris le chemin de la capitale pour y subir les réparations que nécessite son piteux état.
Pour cacher la partie nue et attendre le retour à la Résidence de la tapisserie, cet artiste a été chargé par M. Picquié de placer au même endroit la superbe toile du peintre Fruc Lamy, le Printemps. Ce tableau, don de l’artiste, doit figurer au musée de Tananarive. Un châssis à clef a été exécuté pour cette grande toile qui a sensiblement les mêmes dimensions que la tapisserie. M. Supparo a fait continuer le lambris de la salle à manger, qui constitue en même temps le cadre de l’œuvre de Fruc Lamy ; aussi au dîner offert à la Résidence par M. et Mme Picquié, le 4 avril dernier, tous ont-ils été surpris du joli effet de la salle.

Le Courrier colonial


L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
  • Lulu, intermédiaire habituel de la Bibliothèque malgache, au format epub - sans couverture: 6,99 €
  • Amazon, qu'il est inutile de présenter, au format Kindle (Calibre, un logiciel gratuit, permet de convertir aisément en epub si on ne possède pas de liseuse spécifique): 7,49 €

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire