On sait que le graphite
est devenu, depuis trois ou quatre ans, un des principaux articles
d’exportation de Madagascar. Ce produit minier, à peu près inconnu dans l’île
pendant les premières années de la colonisation, a été révélé, peut-on dire,
avec une opportunité providentielle. Le graphite de Ceylan, le meilleur du
monde entier, s’épuise au point que l’exportation, qui était de
78 000 tonnes en 1902, est tombée à 27 000 tonnes en 1912.
Or, le graphite de Madagascar présente des qualités égales à celui de
Ceylan ; aussi les belles qualités de la grande île bien préparées se
sont-elles vendues comme graphite de Ceylan. De plus, il est extrêmement
abondant : les trois quarts de l’île en contiennent ; l’Ouest
sédimentaire seul en est dépourvu. À ce point de vue, Madagascar peut donc
envisager l’avenir avec confiance.
Et cependant, il y a une
crise du graphite malgache : il ne se paye que les trois quarts ou les
deux tiers de ce qu’il se payait jadis. Cette crise atteint rudement les
exploitants, surtout ceux qui vendent leur graphite sur place.
Les causes de la crise
sont complexes. Il n’y a pas, à proprement parler, de marché du graphite :
il se vend indifféremment à Hambourg, Anvers, Rotterdam, Liverpool ou Londres.
La vente se fait par des intermédiaires qui sont loin de s’interdire la
spéculation. De plus, on a trop souvent exporté de Madagascar des produits
insuffisamment préparés, contenant trop d’impuretés : cela a nui à la
réputation du graphite de Madagascar, et l’on en a profité pour diminuer, non
sans apparences de raisons, le prix d’achat aux producteurs. Pour obvier à ce
mal, il faudrait créer, dans les principaux centres producteurs de l’île, des
bourses de graphite, où les qualités seraient cotées après analyses par
experts. De plus, les producteurs devraient s’associer, au lieu de rester
isolés, pour entrer en communication directe avec les consommateurs et se
passer des intermédiaires, si possible, ou au moins ne pas rester à leur merci.
Cette association devrait faire, en Europe et aux Etats-Unis, les réclames
nécessaires pour que les produits de Madagascar soient connus, et envoyer des
échantillons dans les centres commerciaux.
(À suivre.)
La Croix
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