4 juillet 2014

Il y a 100 ans : La crise du graphite à Madagascar (1)

On sait que le graphite est devenu, depuis trois ou quatre ans, un des principaux articles d’exportation de Madagascar. Ce produit minier, à peu près inconnu dans l’île pendant les premières années de la colonisation, a été révélé, peut-on dire, avec une opportunité providentielle. Le graphite de Ceylan, le meilleur du monde entier, s’épuise au point que l’exportation, qui était de 78 000 tonnes en 1902, est tombée à 27 000 tonnes en 1912. Or, le graphite de Madagascar présente des qualités égales à celui de Ceylan ; aussi les belles qualités de la grande île bien préparées se sont-elles vendues comme graphite de Ceylan. De plus, il est extrêmement abondant : les trois quarts de l’île en contiennent ; l’Ouest sédimentaire seul en est dépourvu. À ce point de vue, Madagascar peut donc envisager l’avenir avec confiance.
Et cependant, il y a une crise du graphite malgache : il ne se paye que les trois quarts ou les deux tiers de ce qu’il se payait jadis. Cette crise atteint rudement les exploitants, surtout ceux qui vendent leur graphite sur place.
Les causes de la crise sont complexes. Il n’y a pas, à proprement parler, de marché du graphite : il se vend indifféremment à Hambourg, Anvers, Rotterdam, Liverpool ou Londres. La vente se fait par des intermédiaires qui sont loin de s’interdire la spéculation. De plus, on a trop souvent exporté de Madagascar des produits insuffisamment préparés, contenant trop d’impuretés : cela a nui à la réputation du graphite de Madagascar, et l’on en a profité pour diminuer, non sans apparences de raisons, le prix d’achat aux producteurs. Pour obvier à ce mal, il faudrait créer, dans les principaux centres producteurs de l’île, des bourses de graphite, où les qualités seraient cotées après analyses par experts. De plus, les producteurs devraient s’associer, au lieu de rester isolés, pour entrer en communication directe avec les consommateurs et se passer des intermédiaires, si possible, ou au moins ne pas rester à leur merci. Cette association devrait faire, en Europe et aux Etats-Unis, les réclames nécessaires pour que les produits de Madagascar soient connus, et envoyer des échantillons dans les centres commerciaux.
(À suivre.)

La Croix


L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
  • Lulu, intermédiaire habituel de la Bibliothèque malgache, au format epub - sans couverture: 6,99 €
  • Amazon, qu'il est inutile de présenter, au format Kindle (Calibre, un logiciel gratuit, permet de convertir aisément en epub si on ne possède pas de liseuse spécifique): 7,49

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire