28 juillet 2014

Il y a 100 ans : Les usuriers à Madagascar

La pratique de l’usure prend à Madagascar des proportions inquiétantes. On cite le cas de cet indigène qui, dans un moment de gêne, emprunta à un notable papangue 250 francs, mais, n’ayant pu s’acquitter à la date fixée, il dut renouveler, et de renouvellement en renouvellement versa au vorace prêteur les sommes suivantes en cinq mois : 150 francs + 110 francs + 200 francs + 300 francs + 415 francs + 45 francs = 1 200 francs.
Et la danse des piastres durerait encore, si le malheureux n’avait obtenu d’un ami complaisant qu’il mette une opposition légale entre ses mains.
Ces pratiques sont malheureusement courantes dans la Grande Île et il faudrait quelques exemples sévères pour mettre un terme aux exploits des usuriers.

Les abus de la naturalisation

La concurrence que font les étrangers à nos compatriotes installés dans la Grande Île leur est facilitée par l’excessive complaisance avec laquelle la France accorde la naturalisation.
Trop d’étrangers, qui se font naturaliser Français, sont peu dignes d’intérêt et ne recherchent dans cette faveur qu’un moyen d’obtenir du gouvernement ou de l’administration des avantages auxquels leur qualité d’étrangers leur interdit de prétendre.
Ils n’emploient que leurs compatriotes, leur payant des salaires dérisoires, ce qui diminue leurs frais généraux, et leur permet de concurrencer avantageusement nos compatriotes.
Un colon français ne voudrait pas offrir les salaires qu’offrent souvent les naturalisés.
Si, par hasard, un de leurs compatriotes employés par eux, s’estimant lésé, en appelle aux tribunaux, le naturalisé excipe de sa qualité de Français et exige le dépôt de la caution « judicatum solvi ».
Le plaignant, faute de moyens, est obligé de retirer son assignation.
Le seul moyen de mettre un terme à de tels abus serait d’instituer la naturalisation avec obligations.
Si, par exemple, tout étranger qui veut être naturalisé devait, comme tout Français, satisfaire à la loi militaire, le nombre des demandes diminuerait beaucoup.

Le Courrier colonial


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