La pratique de l’usure
prend à Madagascar des proportions inquiétantes. On cite le cas de cet indigène
qui, dans un moment de gêne, emprunta à un notable papangue 250 francs,
mais, n’ayant pu s’acquitter à la date fixée, il dut renouveler, et de
renouvellement en renouvellement versa au vorace prêteur les sommes suivantes
en cinq mois : 150 francs + 110 francs + 200 francs +
300 francs + 415 francs + 45 francs = 1 200 francs.
Et la danse des piastres
durerait encore, si le malheureux n’avait obtenu d’un ami complaisant qu’il
mette une opposition légale entre ses mains.
Ces pratiques sont
malheureusement courantes dans la Grande Île et il faudrait quelques exemples
sévères pour mettre un terme aux exploits des usuriers.
Les abus de la naturalisation
La concurrence que font
les étrangers à nos compatriotes installés dans la Grande Île leur est
facilitée par l’excessive complaisance avec laquelle la France accorde la
naturalisation.
Trop d’étrangers, qui se
font naturaliser Français, sont peu dignes d’intérêt et ne recherchent dans
cette faveur qu’un moyen d’obtenir du gouvernement ou de l’administration des
avantages auxquels leur qualité d’étrangers leur interdit de prétendre.
Ils n’emploient que leurs
compatriotes, leur payant des salaires dérisoires, ce qui diminue leurs frais
généraux, et leur permet de concurrencer avantageusement nos compatriotes.
Un colon français ne
voudrait pas offrir les salaires qu’offrent souvent les naturalisés.
Si, par hasard, un de
leurs compatriotes employés par eux, s’estimant lésé, en appelle aux tribunaux,
le naturalisé excipe de sa qualité de Français et exige le dépôt de la caution
« judicatum solvi ».
Le plaignant, faute de
moyens, est obligé de retirer son assignation.
Le seul moyen de mettre
un terme à de tels abus serait d’instituer la naturalisation avec obligations.
Si, par exemple, tout
étranger qui veut être naturalisé devait, comme tout Français, satisfaire à la
loi militaire, le nombre des demandes diminuerait beaucoup.
Le Courrier colonial
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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