1 août 2014

Il y a 100 ans: La Fête des enfants malgaches à Tananarive

M. Picquié a eu, comme on le sait, l’excellente idée de rétablir la vieille coutume de la fête des enfants malgaches. Elle a eu lieu le 25 avril et, comme l’année dernière, a obtenu un beau succès d’entrain et de pittoresque ; ce fut une journée de chants, de danses et de joie bruyante.
Toute la journée, du lever du jour à la nuit, musique, chants et danses se succédèrent sans interruption, les enfants, groupés par écoles, partirent de la place du Zoma, précédés de bannières multicolores, pour arriver avenue de France, devant le palais du gouvernement général, qu’ils saluèrent de danses et de chants variés.
Puis tous se réunirent sur le coquet hippodrome de Mahamasina, orné de drapeaux et d’oriflammes ; autour de l’espace réservé aux jeux et au défilé, la pelouse était couverte d’une foule compacte formant un ensemble d’un pittoresque bien couleur locale, où dominaient les costumes clairs et les lambas d’un blanc éclatant ; sous le grand soleil, au pied de la colline d’Andohalo, couronnée par le palais de la reine, grouillait cette foule profondément intéressée par le spectacle.
Aussitôt après la distribution des prix aux lauréats du concours général des écoles officielles, le défilé des enfants commença. Puis ce fut le tour des mères de plus de huit enfants vivants ; elles étaient près de cinq cent cinquante ; toutes reçurent des récompenses en argent.
Les groupes défilèrent ensuite devant la tribune officielle, exécutant des mouvements d’ensemble, au son de la musique indigène dont le rythme spécial est si bizarre. Les uns, armés de pelles, de pioches et d’arrosoirs, mimaient les différents gestes des jardiniers et des constructeurs de routes, d’autres représentaient ceux des menuisiers, des briquetiers, des forgerons ; d’autres, costumés en soldats fantaisistes, exécutaient des danses guerrières en agitant leurs lances et leurs boucliers. Les filles, superbement drapées et fleuries, imitaient les mouvements des dentellières ou celui des mères, les poupées tenant lieu de bébés.
Cette journée de fête a produit une profonde impression chez les indigènes et a augmenté la popularité de M. Picquié, qui s’était déjà attiré la sympathie de la population par la sollicitude qu’il ne cesse de lui témoigner.

Le Courrier colonial


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