Les hautes terres de
Madagascar, habitées par les populations les plus denses et les plus
développées de l’île, se trouvaient mises en culture bien avant l’occupation
française. Aussi, dans cette partie de l’île où cependant le climat,
relativement tempéré, aurait pu permettre aux immigrants de prendre une part
active aux travaux agricoles, les colons n’ont-ils pas cherché à le faire, et
sont-ils consacrés de préférence à l’échange et à l’industrialisation des
produits cultivés par les indigènes.
L’agriculteur européen,
désireux de s’adonner à la production, aurait, en effet, malaisément triomphé
de la concurrence des producteurs indigènes qui occupent, depuis longtemps, les
meilleures terres et se procurent avec beaucoup moins de difficulté que nous la
main-d’œuvre nécessaire, recrutée souvent dans leur groupe familial. D’autre
part, les hauts plateaux ne se prêtent pas, en général, aux cultures riches,
qui attirent surtout les Européens : on n’y cultive guère avec succès que
le riz, le maïs, le manioc, la pomme de terre, le froment, cultures pauvres,
dont l’utilisation industrielle ou commerciale peut seule intéresser nos
compatriotes.
Le caractère spécial que
devait prendre la colonisation européenne dans l’Imerina et le Betsileo avait
été dégagé et mis en lumière dès 1900 par l’administration locale dans les
renseignements et conseils donnés aux immigrants. Ceux-ci étaient avertis que
les plateaux pouvaient seulement convenir aux colons venus sans espoir de
retour et disposés à se contenter d’une modeste aisance sans vouloir tenter de
grosses entreprises et essayer de réaliser une fortune rapide.
Ces considérations sont
demeurées vraies dans leur ensemble, et il semble bien que le rôle de
l’Européen doit se borner à orienter l’effort indigène, à industrialiser et à
mettre en circulation les produits obtenus.
Dans ces régions où
l’alternance de saisons nettement limitées partage l’année en une période de
sécheresse presque complète et une période de pluies très abondantes, les Hova
avaient compris la nécessité d’emmagasiner et de distribuer régulièrement l’eau
nécessaire à la culture, à celle du riz principalement.
(À suivre.)
A. Lemaire
Le Courrier colonial
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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