Tunis, 28 mai. – Par lettre de notre envoyé spécial. –
Les Anglais, gens pratiques, ont installé au Cap des fabriques de conserves de
langoustes et ils en tirent de larges bénéfices. Pourquoi ne les
imiterions-nous pas ? Pourquoi ne créerions-nous pas, en France, ou plutôt
dans nos colonies, une industrie aussi rémunératrice ? C’est la question
que s’est posée M. Gruvel, dont vous connaissez les efforts intelligents
et inlassables en faveur des pêcheries coloniales. Et aujourd’hui il apporte la
réponse.
La langouste capturée par
les marins français sur nos propres côtes, sur les côtes du Portugal ou
d’Angleterre, est vendue vivante à la consommation. Il en est de même de la
langouste royale que, toujours sur les indications de M. Gruvel, l’on s’en
va, de Bretagne et aussi de la Provence, chercher en Mauritanie. Vouloir faire
de la conserve avec ces provenances, ce serait une grande imprudence. L’on
arriverait ainsi, en effet, à détourner le consommateur du produit vivant, qui
est aujourd’hui très recherché partout. L’industrie langoustière en souffrirait
sans retard et gravement. Laissons donc nos pêcheurs poursuivre, sur les bases
actuelles, le travail entrepris en France, en Angleterre, au Portugal, en
Mauritanie.
Et cherchons ailleurs
pour la conserve. C’est à Madagascar que M. Gruvel veut emmener les Français.
Là, en effet, la langouste abonde. Et, comme il est impossible de la ramener
vivante en France, l’on peut et l’on doit se préoccuper de la travailler sur
place, avant de la livrer à la consommation. Puisque les Anglais réussissent
bien au Cap, il n’y a pas de raison pour que nous ne réussissions pas, nous, à
Madagascar, avec cette langouste, nullement inférieure à la leur. Les débouchés
ne manqueront pas. En France, en Angleterre, partout, nous trouverons
facilement à placer nos conserves nouvelles. Déjà, une société est en formation
à Paris en vue d’organiser à Madagascar une industrie de ce genre. Et il est
probable que d’autres se constitueront dans un avenir prochain.
L’Ouest-Éclair (éd. De Caen)
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