(Suite.)
La délation est organisée
et encouragée ; la justice est bâillonnée et le bon plaisir règne en
maître.
Il n’est pas exagéré de
dire qu’une sorte de petite terreur, occulte, hypocrite et sournoise pèse en ce
moment sur Madagascar grâce au Gouverneur Général Picquié. Et son premier, son
plus fidèle lieutenant, son plus zélé collaborateur n’est autre que le plus
haut magistrat de la colonie, le Procureur général Teulet qui, sans vergogne,
jongle avec la loi dont il est le représentant.
J’ai déjà, dans le numéro
des Annales Coloniales du
31 mars 1914, parlé de l’histoire invraisemblable de ce magistrat,
M. B…, qui, lors de ses précédents séjours à Madagascar, n’avait laissé
que d’excellents souvenirs. Ce magistrat rentrait dans la colonie prendre
possession du poste auquel il venait d’être nommé, accompagné de sa jeune
femme. À son passage à Diégo-Suarez, il fut l’objet, de la part d’un commis des
postes, de provocations calculées et réitérées suivies de voies de fait. Sans
entrer dans le détail des faits il semble si bien résulter des documents de
l’enquête que le coup était machiné, que dans cette affaire on voit apparaître
tous les comparses habituels à la solde du Gouverneur Général.
Selon le but désiré, on
traduisit non pas l’agresseur mais M. B… devant la Cour d’appel, on permit
à divers témoins d’apporter des allégations dont la fausseté a été établie
ensuite devant la Cour…
Le magistrat en question,
M. B…, fut donc – ce qui, encore, était un ordre – poursuivi et condamné.
Je ferai simplement remarquer que M. B… fut poursuivi en vertu de
l’article 311 du Code pénal alors qu’il n’avait jamais frappé et qu’au
contraire il l’avait été, ainsi qu’il résulte formellement de tous les témoignages cités par l’accusation. Je souligne le mot accusation car M. B… fut
délibérément mis dans l’impossibilité de se défendre. Je regrette de ne pouvoir
signaler ici tous les procédés invraisemblables et perfides dont MM. Teulet et
Dessaigne, pour ne citer que ceux-là, usèrent vis-à-vis d’un fonctionnaire dont
le seul tort était de ne pas plaire à M. Picquié. On le lui dit,
d’ailleurs, sans ambages.
(À suivre.)
Henri Cosnier,
Député de l’Indre.
Les Annales coloniales
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire