Une circulaire, toujours
en vigueur à Madagascar, exige que les livres de comptabilité soient tenus en
français ou en malgache.
Dans les villes, les
commerçants ont dû se conformer à cette règle pour éviter les contraventions.
Mais, dans la brousse, il n’en est pas de même et les boutiquiers tiennent
leurs livres dans leur propre langue, hindoue, chinoise ou autre.
Aussi, dès qu’un litige
se produit, on se trouve en face de complications inextricables. Ces soi-disant
livres de comptabilité se composent de notes n’ayant aucun rapport avec ce que
nous appelons une « tenue de livres » ; elles ne sont,
d’ailleurs, le plus souvent lisibles que pour celui qui les a écrites.
Alors il se passe
ceci : un indigène est allé trouver un commerçant hindou ; il lui a
acheté des lambas ou lui a emprunté de l’argent sur sa prochaine récolte de
riz ; le commerçant a griffonné quelque chose sur son cahier et l’indigène
y a mis sa croix.
La récolte faite, il l’a
vendue à un autre.
L’Hindou l’appelle devant
le juge de paix. Le Malgache nie avoir reçu du prêteur, et celui-ci montre son
livre. Personne n’y comprend rien, une croix n’est pas une signature et le
contrat n’a aucun témoin. Le juge est perplexe, et il finit par renvoyer les
parties dos à dos.
Ainsi, dans l’intérêt
même des commerçants, il faudrait exiger qu’ils aient des livres régulièrement
tenus en français ou en malgache et qui puissent faire foi en la justice.
Ceux qui sont réfractaires
à cette règle sont les usuriers, experts dans l’art de masquer leurs opérations
derrière les irrégularités de leurs grimoires illisibles.
Le Courrier colonial
Les droits des Saintmariens
Le 6 mai dernier, la
cour d’appel de Tananarive a rendu son arrêt dans l’affaire des Saintmariens.
La cour a admis que les
Saintmariens n’ont point perdu par le décret de 1909 la jouissance de leurs
droits civils et que ces droits ne sont pas incompatibles avec leur statut
personnel.
Par contre, elle a décidé
que l’existence de ce statut personnel est incompatible avec les droits
politiques accordés aux citoyens français.
Cet arrêt donnera-t-il
satisfaction aux Saintmariens ?
Les Annales coloniales
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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