Il vient de se passer à
Tananarive une véritable ignominie.
Depuis sept ans,
l’Institut Pasteur de Tananarive est dirigé par un civil, le Docteur Salvat,
pharmacien de 1ère classe, docteur en médecine, licencié
ès-sciences, sur le point de passer sa thèse de doctorat, ancien élève de
l’Institut Pasteur de Lyon et ancien chef du laboratoire de pathologie
générale.
Aucun médecin de l’armée
ne possède des titres égaux.
Depuis sept ans, le
Docteur Salvat se livre à un labeur acharné, avec une conscience scrupuleuse,
un zèle connu de tous. Avec un personnel réduit, des crédits modestes, il a
fait face à toutes les nécessités de son service. Réservant toutes ses facultés
et tout son temps à sa fonction, il n’a
jamais fait de clientèle.
Ses travaux scientifiques
sont nombreux. Il a éclairé la pathologie des mycoses si nombreuses et si
graves à Madagascar. Ses études prolongées sur la rage, bientôt publiées dans
ses thèses de doctorat, sont appelées à avoir un grand retentissement.
De l’utilité pratique de
son action je ne citerai qu’un exemple.
La rage est très
fréquente à Madagascar. En sept ans, le Docteur Salvat a traité par les
injections 809 mordus, avec un seul décès. C’est la meilleure statistique
connue je crois : 0,12 %.
Le vaccin jennerien,
préparé à Tananarive, est supérieur à celui de toute autre provenance. Au
Harrar les virus envoyés de France, d’Indochine avaient toujours échoué :
depuis trois ans le service de santé de l’Abyssinie s’approvisionne à
Tananarive.
Or, le mois dernier, le
Docteur Salvat a appris brutalement qu’il cesserait, en août, de diriger
l’Institut Pasteur et qu’il y serait remplacé par un médecin militaire. C’est
une injustice abominable : c’est une perte pour la colonie. Cette sanction
ne doit pas être exécutée.
Dans mon prochain
article, je montrerai avec quelle duplicité, par quelles complicités calculées
et perfides, pour ne pas dire plus, du service de santé, de l’Inspection et du
Gouvernement Général, on a tenté d’exécuter le Docteur Salvat.
Victor Augagneur,
Député du Rhône, Vice-Président de la Chambre.
Les Annales
coloniales
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