Jean-Jacques Lefrère, spécialiste de Lautréamont et de ses Chants de Maldoror, vient de signaler un emprunt (un de plus, il y en a d'autres) enfoui par l'écrivain dans la masse tumultueuse de son grand livre, chef-d'oeuvre de la littérature du 19e siècle.
Je vous renvoie au détail de son article pour tout savoir du fait divers raconté par Le Figaro du 12 septembre 1868, et du passage des Chants de Maldoror directement pompé sur l'article du quotidien.
Plagiat, donc. Aujourd'hui, Lautréamont aurait probablement utilisé Wikipedia, comme Michel Houellebecq et tant d'autres. (N'en prenons pas prétexte pour insérer le signe = entre les noms de Lautréamont et de Houellebecq, je m'en voudrais si cette proximité était mal interprétée.)
Mais pourquoi donc prendre la peine de vous parler de cela, qui semble devoir n'intéresser que les lecteurs les plus sourcilleux des sources attribuées à leurs auteurs préférés?
Parce que l'auteur de l'article paru dans Le Figaro s'appelle Emile Blavet, une vieille connaissance de la Bibliothèque malgache. Il est venu faire un tour chez nous en 1896, dans la foulée de la conquête de l'île par la France, a séjourné deux mois à "Tananarive" et dans les environs après le voyage terrestre obligé de Tamatave à Tana, puis en en rapporté un récit de voyage, Au pays malgache, publié en 1897 et réédité sous forme de livre électronique gratuit par la Bibliothèque malgache.
Curieux détour, n'est-ce pas, pour affirmer que Lautréamont s'est inspiré d'un auteur de la Bibliothèque malgache. Mais le fait est là, irréfutable.
Il n'entraîne cependant pas comme conséquence que lire Emile Blavet serait un peu lire Lautréamont...
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