31 août 2014

Il y a 100 ans : L’agitation recommence à Sainte-Marie

Le courrier de Madagascar nous apporte une énergique protestation des Saintmariens contre l’arrêt de la Cour de Tananarive, dont nous avons donné l’analyse. On se souvient que la Cour a admis les droits civils des Saintmariens, mais non leurs droits politiques. À ce dernier point de vue, ils auraient, d’après l’arrêt, un statut indigène.
C’est contre cette décision et surtout contre les motifs sur lesquels elle s’appuie, que s’élèvent les Saintmariens.
Ils affirment qu’ils ont toujours joui du statut français, et que l’arrêt de la Cour innove en pareille matière. Ils n’admettent pas la thèse que leurs mœurs soient un obstacle à leur qualité de citoyens français, puisque depuis longtemps ils ont abandonné leurs coutumes pour adopter les mœurs françaises.
À la vérité, l’union libre est assez couramment pratiquée chez eux ; mais depuis quand, disent-ils, cette pratique constitue-t-elle un empêchement dirimant à l’exercice des droits de citoyens français ?
La Cour semble établir une incompatibilité absolue entre les lois de la civilisation et la pratique d’une vie « très voisine de la douce nature. » – « Nous ne pensons pas, répliquent les Saintmariens, que les lois françaises fussent si antinaturelles. »
Les protestataires ne réclament point le droit de vote. Ils s’élèvent même contre l’idée d’institutions électives à Sainte-Marie.
Ce qu’ils veulent, c’est être traités en citoyens français, pour n’être pas à la merci du fisc qui n’hésite pas, disent-ils, à démolir leurs pauvres cases quand ils ne peuvent payer l’impôt et à les réduire à coucher à la belle étoile.
S’ils étaient citoyens français, de tels procédés ne seraient point permis à leur égard ; ils comparent le fisc au cheval d’Attila sur le passage duquel l’herbe ne poussait plus !
Les Saintmariens, qui ont toujours eu le respect des autorités constituées, entendent que celles-ci respectent leurs droits. Aussi vont-ils se pourvoir en cassation contre la décision de la Cour de Tananarive.

Le Courrier colonial


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