Un drame rapide et
terrible, qui a mis en émoi tout Tananarive, s’est déroulé le samedi
16 mai, au Palais de Justice de la ville.
M. Dupont,
propriétaire de l’Hôtel de France, a tué,
en plein prétoire, à coups de revolver, sa maîtresse Mlle Adrienne Legros.
M. Dupont,
conseiller général de l’île de la Réunion, maire des Avirons, était arrivé de
21 février dernier à Tananarive, avec Mlle Legros, âgée de vingt-cinq
ans, abandonnant, pour elle, situation, femme et enfants.
Il descendit à l’Hôtel de France, dont il se rendit
acquéreur peu après.
Bientôt survint un
compatriote, M. M…, dont s’éprit la jeune femme qui ne tarda pas à
déclarer tout net à son amant qu’elle allait le quitter pour vivre avec
M. M…
M. Dupont, qui avait
tout sacrifié pour elle et l’entretenait depuis neuf ans, prit mal la chose et
lui administra une sévère correction.
Elle s’enfuit et alla se
réfugier chez M. M… qui lui conseilla de porter plainte.
L’affaire vint au
tribunal correctionnel le 16 mai et fut renvoyée à une audience
ultérieure. C’est alors que se produisit le drame.
M. Dupont fit
d’abord mine de sortir mais, voyant que Mlle Legros restait dans la salle,
assise aux côtés de son nouvel amant, il revint, prit place sur un des bancs
réservés au public, derrière son ancienne maîtresse dont le séparait un autre
banc, sur lequel se trouvait l’inspecteur de police Massoni.
Par-dessus l’épaule de
celui-ci, il braqua un revolver dans la direction de Mlle Legros et tira.
La jeune femme, atteinte au bras, se précipita vers le tribunal en poussant des
cris.
M. Dupont se lança à
sa poursuite, entraînant l’inspecteur Massoni qui cherchait à le retenir.
Arrivé à la barre, il
tira deux autres coups de revolver sur Mlle Legros qui, mortellement
atteinte, s’affaissa près du siège du ministère public.
M. Dupont se
retourna alors vers son rival pour l’abattre à son tour. Une lutte terrible
s’engagea entre l’inspecteur Massoni et le meurtrier, beaucoup plus vigoureux
que le policier.
Enfin, M. Dupont put
être maîtrisé, grâce à l’intervention du procureur de la République, du
président et de l’interprète Ralambo, qui étaient venus à la rescousse.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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