24 août 2014

Il y a 100 ans : Un drame au Palais de Justice de Tananarive (1)

Un drame rapide et terrible, qui a mis en émoi tout Tananarive, s’est déroulé le samedi 16 mai, au Palais de Justice de la ville.
M. Dupont, propriétaire de l’Hôtel de France, a tué, en plein prétoire, à coups de revolver, sa maîtresse Mlle Adrienne Legros.
M. Dupont, conseiller général de l’île de la Réunion, maire des Avirons, était arrivé de 21 février dernier à Tananarive, avec Mlle Legros, âgée de vingt-cinq ans, abandonnant, pour elle, situation, femme et enfants.
Il descendit à l’Hôtel de France, dont il se rendit acquéreur peu après.
Bientôt survint un compatriote, M. M…, dont s’éprit la jeune femme qui ne tarda pas à déclarer tout net à son amant qu’elle allait le quitter pour vivre avec M. M…
M. Dupont, qui avait tout sacrifié pour elle et l’entretenait depuis neuf ans, prit mal la chose et lui administra une sévère correction.
Elle s’enfuit et alla se réfugier chez M. M… qui lui conseilla de porter plainte.
L’affaire vint au tribunal correctionnel le 16 mai et fut renvoyée à une audience ultérieure. C’est alors que se produisit le drame.
M. Dupont fit d’abord mine de sortir mais, voyant que Mlle Legros restait dans la salle, assise aux côtés de son nouvel amant, il revint, prit place sur un des bancs réservés au public, derrière son ancienne maîtresse dont le séparait un autre banc, sur lequel se trouvait l’inspecteur de police Massoni.
Par-dessus l’épaule de celui-ci, il braqua un revolver dans la direction de Mlle Legros et tira. La jeune femme, atteinte au bras, se précipita vers le tribunal en poussant des cris.
M. Dupont se lança à sa poursuite, entraînant l’inspecteur Massoni qui cherchait à le retenir.
Arrivé à la barre, il tira deux autres coups de revolver sur Mlle Legros qui, mortellement atteinte, s’affaissa près du siège du ministère public.
M. Dupont se retourna alors vers son rival pour l’abattre à son tour. Une lutte terrible s’engagea entre l’inspecteur Massoni et le meurtrier, beaucoup plus vigoureux que le policier.
Enfin, M. Dupont put être maîtrisé, grâce à l’intervention du procureur de la République, du président et de l’interprète Ralambo, qui étaient venus à la rescousse.
(À suivre.)

Le Courrier colonial


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