Président :
M. Jodia.
Assesseurs :
MM. Covain, Raymond Négro et Jullien.
Lundi dernier, 15
février, avait lieu l’audience où se jugeait le crime d’homicide commis par
l’indigène Belalahy sur la personne du Chinois Tang-Ti.
Voici les faits. Belalahy
était le domestique de Tang-Ti qui lui-même était l’employé de Tang-Sen lequel
a servi de témoin. De plus, la mère de ce Belalahy (âgé de 19 ans) est la
ramatoa de Tang-Ti. Au mois d’octobre dernier, Tang-Ti avait été envoyé par son
patron de Tamatave à un village situé à plusieurs journées, pour une affaire
quelconque. À cet effet, Tang-Sen lui remit une somme de 75 francs plus
les bagages que devait porter Belalahy, et cela en présence de ce dernier. Tang-Ti
aurait voulu voyager en pirogue, mais Belalahy s’y opposa. Force lui fut d’aller à pied.
Ils se mirent en route
et, quand la nuit fut venue, ils couchèrent dans un village. Le lendemain, ils
repartirent à la pointe du jour et vers 10 heures ils arrivèrent dans une
forêt voisine de la mer où le bruit des vagues se faisait entendre tout
particulièrement. Là, Belalahy, fatigué, ralentit le pas. Le Chinois dut
l’invectiver pour le faire aller plus vite, puis se mit à le houspiller avec
son bâton. L’indigène exaspéré se retourna et une dispute s’ensuivit. Le
Chinois lui porta à la tête deux coups de couteau qui furent sans danger.
L’indigène en fit autant, mais le Chinois tomba évanoui sur le chemin. Effrayé,
Belalahy transporta le corps de son maître dans un fossé, alla cacher les
bagages à une centaine de mètres plus loin, et se rendit à un village voisin.
Le chef, le voyant arriver tout sanglant, le pressa de questions, et Belalahy
déclara qu’accablé par le poids des bagages, il était tombé sur des morceaux de
bois aigus qui l’avaient mis dans cet état. Devant l’invraisemblance de cette
déclaration, les habitants le ramenèrent dans la forêt d’où ils l’avaient vu
arriver. Ils cherchèrent partout, et trouvèrent dans le dit fossé le Chinois
étendu sur le dos, couvert de sang, les bras en croix, ayant sur sa poitrine
son chapeau, son bâton et son parapluie.
(À suivre.)
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