6 avril 2015

Il y a 100 ans : L’importation des bœufs de Madagascar compromise par les députés de la Réunion (2)

(Suite.)
Mais cette initiative n’a pas plu à tout le monde. MM. Boussenot et Gasparin, faisant preuve d’une intransigeance et d’une étroitesse d’esprit inconcevables dans les circonstances critiques que nous traversons et qui devraient déterminer chacun à ne se préoccuper que de l’intérêt général, ont trouvé mauvais que le directeur du Courrier colonial, organe qui, cependant, s’occupe spécialement de Madagascar, joue, au sein de la Commission, un rôle aussi important.
Tous deux – et ils le déclarent hautement – estiment que la Grande Île se trouve dans leur champ d’action et que les intérêts de cette colonie les regardent seuls. Ils n’admettent pas qu’une autre personne puisse être considérée, par nos compatriotes de Madagascar, comme ayant pu rendre service à ce pays.
Aussi entendent-ils orienter les travaux de la Commission comme leur intérêt personnel l’exige. En même temps qu’ils n’acceptent pas l’intervention d’adversaires de leurs idées, ils ne veulent pas non plus que celles-ci soient soutenues par des hommes dont ils redoutent la concurrence dans la Grande Île, et qui pourraient se targuer d’avoir été utiles à cette colonie.
L’intransigeance dont font preuve ces deux singuliers républicains a même amené M. Gasparin à émettre de telles appréciations sur des fonctionnaires faisant partie de la Commission, qu’il s’est fait vertement rabrouer par le directeur de l’Agriculture, M. Berthaut. Mais cette sévère semonce, que toute l’assistance, sauf bien sûr M. Boussenot, a estimée complètement méritée, n’a pas assagi les représentants – avant la lettre – de Madagascar.
Dépités de voir, au sein de la Commission, notre directeur, qui y avait été envoyé officiellement par le ministère de Guerre, en raison de sa compétence spéciale en la matière, ils se sont livrés auprès du département de l’Agriculture, et en dehors de la Commission et de son président, qui se déclare indigné de pareilles manœuvres, à toutes sortes d’intrigues pour obtenir que M. Francis Mury ne fût plus convoqué à la Commission.
 (À suivre.)
Maurice Raoult.
Le Courrier colonial

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