30 avril 2015

Il y a 100 ans : Tous veulent y aller

Nous recevons la lettre ci-après que nous sommes heureux de publier en raison des sentiments patriotiques qu’elle respire, – sentiments auxquels nous ne pouvons qu’applaudir bien vivement.
Nous ne voulons ici ni faire un article de polémique, ni en appeler à l’opinion publique contre les faits et gestes de l’autorité militaire. Nous voulons tout simplement nous faire l’écho des désirs les plus vifs des militaires de l’active encore actuellement à Tamatave. Ces désirs seraient d’obtenir au plus tôt l’insigne honneur d’être dirigés sur le front.
« Que fait-on de nous ici ? gémissent-ils, pendant que nos frères d’armes se font glorieusement tuer ?
« Que craint-on à Madagascar, pour nous retenir ainsi en dépit de nos récriminations ? Nous nous morfondons dans l’inaction en lisant chaque jour les quelques lignes que nous adresse Havas en un langage sibyllin.
« Nous avons tous à la guerre nos frères, pères, cousins, qui eux ne sont soldats que depuis la mobilisation, et nous, soldats de métier, nous sommes ici à quoi faire ?? Qu’on nous le dise…
« Nous en sommes arrivés à un tel état de dépression morale qu’on a pu constater à Tamatave une recrudescence de fièvres et de maladies diverses parmi les militaires européens du 2e malgaches.
« Si encore on craignait quelque révolte. Mais c’est très improbable. Et quand cela serait, les réserves mobilisées sont amplement suffisantes pour maintenir l’ordre. »
Voilà à peu près les réflexions qui nous ont été faites par ces militaires. Nous ajouterons qu’il y a suffisamment de gradés de la territoriale ou de la réserve mobilisés ici à Tamatave pour pouvoir remplacer les gradés de l’active employés dans les différents services.
Qui empêcherait au besoin d’envoyer de France des gradés territoriaux ?
Nous espérons, pour nos amis les militaires de l’active, que notre requête sera entendue par l’autorité compétente, et qu’on leur donnera bientôt à tous la clef, non pas des champs, mais de la route de France.
L. D.
Que les impatients se rassurent. L’autorité compétente a pris des dispositions pour les envoyer en France. Mais les moyens de transport ne permettent leur envoi que successivement et suivant les disponibilités des paquebots. Un peu de patience encore.

Le Tamatave

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