(Suite et fin.)
Notre confrère l’Impartial ayant osé demander la lumière
à ce sujet a vu son article interdit par notre administrateur local, sous
prétexte d’un droit de censure inexistant et, par conséquent, à l’aide d’un de
ces abus de pouvoir tendant à rétablir le régime du bon plaisir, si cher à
M. Picquié.
En effet, nous avons tous
vu, le 15 août 1913, en pleine nuit et en plein bal, un général faire
envahir par la force armée le local privé du Cercle français, pour y faire
arrêter un officier en rupture d’arrêts, ce qui tombait sous le coup des
articles 184 et suivants du Code pénal : parmi les fonctionnaires et
magistrats témoins de ce scandale, pas un n’a osé souffler mot contre cet abus
d’autorité parfaitement caractérisé.
Depuis, le
procureur-général Theulet s’est cru permis d’infliger arbitrairement quarante
et quelques jours de prison préventive à notre confrère et ami, M. Chott,
qui avait eu l’audace de réclamer justice ; les Annales Coloniales ont publié, à ce sujet, un vibrant article de
M. Henri Cosnier, mais, à notre connaissance du moins, aucune sanction n’a
été encore appliquée.
Aujourd’hui un personnage
officiel, haut placé, jette la suspicion parmi nous en lançant jésuitiquement
des accusations contre plusieurs des nôtres… et un représentant de
l’Administration essaie d’étouffer l’affaire en interdisant la publication d’un
article de journal réclamant la lumière, en violation de la Loi, car le décret
du 22 août 1914, promulgué ici le 10 octobre, n’est pas
applicable en l’espèce.
Où allons-nous ?
deviendrons-nous véritablement les serfs de l’Administration, taillables et
corvéables à merci, privés de la protection des lois cependant
existantes ?
La méthode Picquié
a-t-elle fait école et, lui parti, ses disciples, façonnés selon ses goûts,
sont-ils parvenus, au perinde ac cadaver
si prisé des jésuites ?
Sommes-nous donc revenus
aux temps du Grand Roi, et pouvons-nous affirmer encore ici, en plein
XXe siècle, ce qu’osait alors écrire notre immortel fabuliste, qui n’en
fut cependant pas puni, car il ne vivait pas sous un régime pareil à celui de
Madagascar :
Selon que vous serez
puissant ou misérable
Les jugements de cour
vous rendront blanc ou noir.
Les Annales coloniales
Madagascar en 1914 sortira le 1er mai, Madagascar en 1913 est disponible dans une édition numérique revue et corrigée.
Et la Bibliothèque malgache s'ouvre à de nouvelles collections, avec seize titres parus, à découvrir sur la nouvelle page d'accueil du site
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