(Suite et fin.)
Il râlait encore en ce
moment mais il expira en quelques minutes des suites de l’hémorragie causée par
les coups de couteau. Cette fois, Belalahy dit qu’ils avaient été tous les deux
attaqués par des brigands et que lui seul avait pu se sauver. Il n’avoua la
querelle qu’il avait eue avec son patron que lorsqu’on lui fit remarquer que
les bagages étaient à cent mètres plus loin, et que l’argent était dans la
poche de son patron ; des voleurs auraient emporté tout cela.
Il fut appréhendé et
conduit à la prison de Tamatave. Interrogé sur ses aveux contradictoires, il
répondit qu’il avait eu peur.
À l’audience, le
ministère public, après avoir exposé les faits, déclara qu’il ne voyait aucune
circonstance atténuante car la preuve de préméditation pouvait être fondée,
puisque l’indigène connaissait la valeur de la somme que portait le Chinois et
qui lui avait été remise en sa présence, puisque le crime s’était commis dans
un endroit solitaire et couvert par les bruits des vagues, puisque l’indigène
avait caché les bagages et faisait des déclarations contradictoires. De plus,
les crimes s’étant multipliés depuis un certain temps, il fallait appliquer des
peines sévères pour en arrêter le cours.
La défense fit remarquer
qu’on ne devait pas regarder les circonstances qui avaient précédé mais celles
qui avaient suivi le prétendu crime. L’attitude de Belalahy n’était nullement
celle de quelqu’un qui a volé pour assassiner, s’il y avait eu préméditation,
Belalahy n’aurait pas avisé le village, il se serait sauvé après avoir tout
emporté, et il aurait pu le faire facilement par voie de mer. De plus, il
n’avait aucun intérêt à assassiner son beau-père Tang-Ti, car un brillant
avenir s’ouvrait devant lui. Si on voulait punir des criminels, il fallait
punir ceux qui le sont réellement.
Enfin, le Chinois, étant
l’agresseur, est aussi coupable que lui, et le Malgache qui a reçu des coups
dont il porte encore la trace aurait pu tout aussi bien rester sur le carreau.
La cour, après avoir
délibéré, a condamné Belalahy à 10 ans de travaux forcés pour coups et
blessures ayant déterminé la mort.
Le Tamatave
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