(De notre correspondant particulier.)
Depuis le commencement de
la guerre, le point d’appui de Diégo-Suarez, s’il est encore permis de lui
donner sans rire ce qualificatif, a été le théâtre de nombreux événements et de
quelques incidents regrettables.
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Nous avons pu assister,
dès les débuts, à la préparation d’une colonne d’expédition vers des rivages
demeurés inconnus, décidée par feu Micromégas-Picquié. À l’instigation de ce Napoléon
en baudruche, une expédition fut en effet organisée. En conséquence, le Djibouti, de la Compagnie Havraise
Péninsulaire, et le Melbourne, des
Messageries Maritimes, furent aménagés à grand fracas, emplis de munitions et
de vivres pour plusieurs mois de campagne, et finalement désarmés, quand les
agents des Compagnies en cause demandèrent une réquisition en bon ordre,
personne ne voulant en prendre la responsabilité, notre ex-Gouverneur général
se dérobant le premier pour ne pas approuver les choses faites.
Il en a certainement
coûté cher à la Princesse, mais le geste inachevé du responsable irresponsable
demeurera peut-être, dans l’avenir, comme le plus magnifique de notre
ex-fantoche, à moins qu’une enquête ne soit ordonnée pour remettre à point l’affaire
et imputer à leur seul auteur le gaspillage insensé qui a été commis.
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Nous avons eu aussi les
fantomatiques croisières du Kœnigsberg.
On l’a craint pendant des mois sans le voir nulle part. Il paraît cependant
qu’il osa se montrer devant Majunga, aux yeux d’un promeneur très matinal, qui
voyait peut-être trouble, et que certains habitants de la ville ont cru
bénévolement. Immédiatement, et de Tananarive, un compte rendu très romanesque
fut expédié en France où il dut avoir un petit succès, malgré son
invraisemblance, et qui fut démenti depuis, il faut le reconnaître. Le petit
rufian-croquemitaine, venu à Dar-ès-Salam pour une exposition avec des
munitions d’exercice, a jugé prudent de se laisser embouteiller dans une
rivière de l’Afrique orientale, après avoir mis à mal le Pegasus désarmé. Surveillé par la flotte anglaise, il y vieillit
sans doute avec ses souvenirs, mais sans probablement s’améliorer.
(À suivre.)
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