Elle se pose avec autant
de gravité que la question du blé. Les commissions du budget et de
l’agriculture de la Chambre ont déjà examiné le problème et diverses solutions
ont déjà été envisagées. On a procédé, depuis le début de la guerre, à de très
forts emprunts sur le cheptel national ; on a, peut-être un peu à la
légère, immolé trop de femelles, et aujourd’hui tout le monde est d’avis qu’on
ne peut plus réquisitionner sérieusement notre troupeau. Il faut en effet
songer à la situation qui résulterait dans l’avenir si on détruisait
entièrement nos ressources de ce côté.
On a examiné sérieusement
l’importation d’un nombre élevé de bœufs de Madagascar, et la question est à
l’étude. Une certaine hésitation s’est produite : on craint une forte
mortalité durant le voyage, qui sera toujours supérieur à un mois. Le passage
de la mer Rouge est surtout inquiétant. On ne doit pas s’arrêter devant cette
partie du problème.
J’ai eu la bonne fortune
de causer longuement avec un de mes compatriotes qui, en 1910 et 1911, étudia
le problème et le résolut. Il ne dut abandonner son projet qu’en présence des
exigences draconiennes de la compagnie de navigation qui lui transporta les
premiers envois. M. Paul Ollié, en effet, a nettement fait la preuve que
l’importation du bœuf zébu est réalisable et peut donner de sérieux profits.
On a évalué à deux
millions de têtes la richesse du troupeau de Madagascar. En 1910, le bœuf
adulte, pesant en moyenne 350 kilos, était vendu 80 fr. L’affirmation
que le troupeau est contaminé est fausse. Dans la partie sud de l’île, il y a
des cas de tuberculose, mais dans la partie nord, là où le cheptel est le plus
riche, le bœuf est sain. Ce fut M. Rey qui le premier s’occupa de
l’importation. Plusieurs voyages furent exécutés par la Compagnie Havraise
Péninsulaire. La mortalité s’éleva à 3 %. M. Valentin, boucher à
Marseille, assista aux divers débarquements et déclara la viande de première
qualité. D’ailleurs, ces bœufs furent vendus sur pieds au marché de la
Villette, à raison de 0 fr. 80 le kilo. Le premier arrivage
comprenait 159 animaux : 158 arrivèrent dans de bonnes conditions.
(À suivre.)
E. Barthe,
Député de l’Hérault.
L’Humanité
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