14 juillet 2015

Il y a 100 ans : La question des vivres pour se procurer de la viande (1)

Elle se pose avec autant de gravité que la question du blé. Les commissions du budget et de l’agriculture de la Chambre ont déjà examiné le problème et diverses solutions ont déjà été envisagées. On a procédé, depuis le début de la guerre, à de très forts emprunts sur le cheptel national ; on a, peut-être un peu à la légère, immolé trop de femelles, et aujourd’hui tout le monde est d’avis qu’on ne peut plus réquisitionner sérieusement notre troupeau. Il faut en effet songer à la situation qui résulterait dans l’avenir si on détruisait entièrement nos ressources de ce côté.
On a examiné sérieusement l’importation d’un nombre élevé de bœufs de Madagascar, et la question est à l’étude. Une certaine hésitation s’est produite : on craint une forte mortalité durant le voyage, qui sera toujours supérieur à un mois. Le passage de la mer Rouge est surtout inquiétant. On ne doit pas s’arrêter devant cette partie du problème.
J’ai eu la bonne fortune de causer longuement avec un de mes compatriotes qui, en 1910 et 1911, étudia le problème et le résolut. Il ne dut abandonner son projet qu’en présence des exigences draconiennes de la compagnie de navigation qui lui transporta les premiers envois. M. Paul Ollié, en effet, a nettement fait la preuve que l’importation du bœuf zébu est réalisable et peut donner de sérieux profits.
On a évalué à deux millions de têtes la richesse du troupeau de Madagascar. En 1910, le bœuf adulte, pesant en moyenne 350 kilos, était vendu 80 fr. L’affirmation que le troupeau est contaminé est fausse. Dans la partie sud de l’île, il y a des cas de tuberculose, mais dans la partie nord, là où le cheptel est le plus riche, le bœuf est sain. Ce fut M. Rey qui le premier s’occupa de l’importation. Plusieurs voyages furent exécutés par la Compagnie Havraise Péninsulaire. La mortalité s’éleva à 3 %. M. Valentin, boucher à Marseille, assista aux divers débarquements et déclara la viande de première qualité. D’ailleurs, ces bœufs furent vendus sur pieds au marché de la Villette, à raison de 0 fr. 80 le kilo. Le premier arrivage comprenait 159 animaux : 158 arrivèrent dans de bonnes conditions.
(À suivre.)
E. Barthe,
Député de l’Hérault.

L’Humanité

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