Jeudi 6 mai, à
6 h. du matin, ont été fusillés sur la plage à l’extrémité du Boulevard
d’Ivondro, sur le lieu ordinaire de ces exécutions, trois indigènes nommés
Laivao, Latoto et Nivo. Ils avaient été condamnés à mort le 30 décembre
dernier, par le Tribunal indigène, pour assassinat commis sur la personne de
leur compatriote Tika, à Ambodivoanio, canton de Vohipeno, district de
Fénérive.
Tika, « avocat » malgache, suivait
un procès sur le résultat duquel Laivao, qui s’y trouvait intéressé, avait
quelque inquiétude. N’ayant pu, sans doute, réduire son adversaire par d’autres
arguments, Laivao proposa à Latoto et Nivo de le débarrasser de Tika, moyennant
finances. Latoto et Nivo, ayant accepté, se rendirent un soir à la tombée de la
nuit à la case de Tika, au moment où la femme de ce dernier allumait le feu
pour préparer le repas du soir, et frappèrent la victime avec des antsy ou haches malgaches, jusqu’à ce
que mort s’en suivît. La femme qui, paraît-il, devait aussi être assassinée,
réussit à prendre la fuite, donna l’éveil, et c’est ainsi que les assassins ont
été arrêtés.
Condamnés à mort le
30 décembre dernier, ils avaient signé un recours en grâce qui a été
rejeté. On leur a dès lors appliqué la procédure employée envers les criminels
européens, sans se rendre compte que leur intelligence de primitifs n’est pas
encore suffisamment ouverte pour en apprécier la nuance.
Il en est de même du
genre de supplice qui leur est appliqué et auquel ils se rendent sans aucune
émotion.
De vieux Malgaches, ayant
vécu quelques années à la Réunion où ils ont eu l’occasion d’assister à des
exécutions par la guillotine, racontent l’impression de terreur qu’ils avaient
ressentie à voir la tête du condamné séparée brutalement du tronc et rejetée
dans le panier. Ce spectacle leur avait réellement inspiré la crainte du
châtiment. Mais des balles ne leur font pas peur ; leurs sorciers ont des
« fanafody » qui leur permettent de s’en tirer.
Aussi, à chaque exécution
capitale qui a lieu à Madagascar, le public et la presse ne cessent de réclamer
l’application de la guillotine.
Les balles devraient être
exclusivement réservées aux militaires, comme en France d’ailleurs.
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