La création de ce ticket,
depuis longtemps réclamé par les colons, permettra de résoudre, au mieux des
intérêts de tous, la perception des impôts dus par les ouvriers des
exploitations agricoles ou minières.
Jusqu’à présent, cette
perception a été très difficile et très délicate ; car si l’employeur s’en
désintéressait, les ouvriers ne payaient presque jamais leur taxe ; et
l’Administration, pour ne pas compliquer la tâche de l’employeur, toujours à
court d’ouvriers, ne pouvait pas sévir contre les réfractaires.
Si le patron voulait
intervenir, il devait, ou faire venir le collecteur d’impôts pour assister à sa
paie, ou bien il retenait lui-même l’argent destiné au fisc en donnant, ou non,
un reçu ; mais bien souvent l’intéressé disparaissait avant d’avoir le
récépissé du percepteur, qui était embarrassé pour établir cette pièce sans
connaître l’indigène à qui elle était destinée.
Avec la nouvelle
création, l’employeur, pour payer son ouvrier, peut lui donner tout son
dû ; seulement, sur le montant de sa paie, il lui donne cinq francs en un
papier-monnaie qui n’a cours qu’à la caisse du percepteur d’impôts indigènes,
et après avoir inscrit son nom sur le ticket. De cette façon, tous les
inconvénients disparaissent ; plus d’avances pour payer la carte, plus de
reçus dont le propriétaire a disparu, plus de possibilité pour l’ouvrier de
changer ce reçu contre un autre objet.
Cependant cette création,
– excellente en principe et approuvée de tous, – soulève dans notre région des
objections assez sérieuses et plusieurs colons déclarent déjà qu’ils ne
pourront pas employer ces tickets. En effet, cinq fr., c’est beaucoup. Il ne faut pas oublier que les indigènes
de ce pays gagnent en moyenne 15 fr. par mois. Si on leur retient
5 fr. sur la paie mensuelle, ils ne seront pas contents et s’en iront
peut-être, ce que nos colons, toujours à court de main-d’œuvre, craignent
beaucoup. Aussi ceux-ci préféreraient un ticket de valeur moindre, 2 fr.
par exemple, que l’on remettrait chaque mois à l’ouvrier. Au bout de
10 mois, la carte serait payée.
Ces considérations valent
qu’on s’y arrête et nous pensons qu’en cela il sera possible de donner
satisfaction aux intéressés.
Un colon.
Le Tamatave
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