2 janvier 2015

Il y a 100 ans : La misère parmi les indigènes (1)

Nous avons reçu ces jours derniers la lettre suivante que nous publions sans rien y changer.
Tamatave, le 23 octobre 1914.
Monsieur le Rédacteur du journal Le Tamatave
Monsieur,
Le petit Journal de Madagascar, paru le jeudi 21 octobre 1914, publie, un peu tardivement, le nouveau crime commis encore sur la personne d’un malheureux Chinois ! Il fait suer la poule morte, quand il dit, dans cet article, que « la misère est une mauvaise conseillère. » Qu’est-ce à dire, la misère, chez un indigène ? (Il fait bien allusion aux indigènes, puisqu’il dit : l’arrêt des exportations, etc. a créé trop de vagabonds ; et que nous obtenons les produits des indigènes.) S’il est malheureux, c’est de sa faute car, partout, plusieurs prospecteurs et autres cherchent des bras, et n’en trouvent pas. Voyez au marché, sur les trottoirs, dans les rues, des quantités de gens infects, se promenant comme des rentiers, coudoyant les Messieurs et même les Dames (qui sortent bien souvent du trottoir pour leur faire place) sur leur passage ; demandez-leur s’ils veulent travailler, ils commencent par vous demander ohatrinona (combien) ? et ensuite, qu’est-ce qu’il y a à faire ? et finalement il vous répond : Héhè ! En tout cas on n’a jamais raison de tuer son semblable, et encore moins ses bienfaiteurs. La misère ! qu’est-ce à dire ? L’indigène n’a qu’à aller un peu au bord de la rivière, et au bout de trois heures au plus, il vous porte une charge de brèdes et autres, qui poussent à l’état sauvage, pour une valeur au moins de 2 fr. 50.
La misère, qu’est-ce à dire ? dites la paresse et l’on comprendra ; et c’est cette paresse qu’il faudrait secouer, pour faire disparaître cette misère.
Bien bien longtemps avant que la guerre n’entraînât la misère, nous nous souvenons du crime le plus affreux, commis sur la personne de Monsieur Bonnemaison, ensuite sur un Chinois du Passemazava, et bien d’autres dans la brousse ! était-ce encore la misère qui en était le mobile ? un prospecteur de graphite, bien avant la guerre, racontait qu’il employait trois cents hommes, et qu’il n’y avait jamais plus de cent au travail.
(À suivre.)

Le Tamatave


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