Nous avons reçu ces jours derniers la lettre
suivante que nous publions sans rien y changer.
Tamatave, le 23 octobre 1914.
Monsieur le Rédacteur du
journal Le Tamatave
Monsieur,
Le petit Journal de Madagascar, paru le jeudi
21 octobre 1914, publie, un peu tardivement, le nouveau crime commis
encore sur la personne d’un malheureux Chinois ! Il fait suer la poule
morte, quand il dit, dans cet article, que « la misère est une mauvaise
conseillère. » Qu’est-ce à dire, la misère, chez un indigène ? (Il
fait bien allusion aux indigènes, puisqu’il dit : l’arrêt des
exportations, etc. a créé trop de vagabonds ; et que nous obtenons les
produits des indigènes.) S’il est malheureux, c’est de sa faute car, partout,
plusieurs prospecteurs et autres cherchent des bras, et n’en trouvent pas.
Voyez au marché, sur les trottoirs, dans les rues, des quantités de gens
infects, se promenant comme des rentiers, coudoyant les Messieurs et même les
Dames (qui sortent bien souvent du trottoir pour leur faire place) sur leur
passage ; demandez-leur s’ils veulent travailler, ils commencent par vous
demander ohatrinona (combien) ? et ensuite, qu’est-ce qu’il y a à faire ?
et finalement il vous répond : Héhè ! En tout cas on n’a jamais
raison de tuer son semblable, et encore moins ses bienfaiteurs. La misère !
qu’est-ce à dire ? L’indigène n’a qu’à aller un peu au bord de la rivière,
et au bout de trois heures au plus, il vous porte une charge de brèdes et
autres, qui poussent à l’état sauvage, pour une valeur au moins de
2 fr. 50.
La misère, qu’est-ce à
dire ? dites la paresse et l’on comprendra ; et c’est cette paresse
qu’il faudrait secouer, pour faire disparaître cette misère.
Bien bien longtemps avant
que la guerre n’entraînât la misère,
nous nous souvenons du crime le plus affreux, commis sur la personne de
Monsieur Bonnemaison, ensuite sur un Chinois du Passemazava, et bien d’autres
dans la brousse ! était-ce encore la misère qui en était le mobile ?
un prospecteur de graphite, bien avant la
guerre, racontait qu’il employait trois cents hommes, et qu’il n’y avait
jamais plus de cent au travail.
(À suivre.)
Le Tamatave
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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