(Suite.)
Oui, par économie, et
voici comment : de Tamatave au pied des coteaux, la nouvelle route suit le
tracé de l’ancienne, dont il faut à peine compléter la plateforme, sans grands
travaux d’art. Puis elle emprunte le dos d’une dune qui s’en va en ligne droite
vers la rivière du Vorinkina ; la plateforme de cette partie sera
également facilement construite, et la route, contournant ainsi au pied des
coteaux, pourra desservir un plus grand nombre d’intérêts particuliers.
Une route coupant
directement la plaine sur Melville serait sans doute plus courte de plusieurs
kilomètres, mais elle traverserait plusieurs marais et lagunes dans une plaine
aride et, en outre des travaux d’art qu’elle exigerait, la construction de sa
plateforme serait plus coûteuse.
C’est donc une question
d’économie qui prime tout.
Là, j’arrête mon
interlocuteur.
Des économies de cette
nature ? Nous en sommes coutumiers à Madagascar. Entre bien d’autres, je
n’en citerai qu’une, bien typique, celle-là.
La voie du
T. C. E., en montant vers Fanovana, s’est heurtée à une vallée,
presque un ravin, large de 50 à 60 mètres au plus. Un pont était
nécessaire pour la franchir, mais il devait coûter 60 000 francs.
Pour économiser cette
somme, M. Lebureau a eu l’idée géniale de contourner la vallée, ce qui a
occasionné à la voie un développement d’environ trois kilomètres en plus, dans
une zone où le kilomètre a coûté plus de 200 000 francs. D’où il
résulte que, pour économiser 60 000 francs, on en a dépensé plus de
600 000. Gribouille n’a jamais eu le génie de trouver celle-là.
Ici je crains bien que
l’économie dont on parle ne soit de même nature.
On veut économiser sur la
construction de la plateforme, ce qui est presque insignifiant, étant donné que
cette plateforme pourrait être construite par la main-d’œuvre prestataire et
pénitentiaire qu’il faudra bien, un jour ou l’autre, utiliser quelque part. En
revanche, on ne pourra économiser sur la caillasse et l’entretien que
nécessiteront plusieurs kilomètres en plus.
(À suivre.)
Le Tamatave
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