Lettre d’un colon
(Suite.)
Je vous disais que le
drainage et l’assainissement de la plaine qui entoure la ville de Tamatave
auraient dû être exécutés depuis longtemps, immédiatement après la conquête.
Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait ? Je ne perdrai pas mon temps à
l’expliquer.
On ne peut nier que
Tamatave soit le port de débarquement le plus important de l’île. C’est sur son
quai qu’abordent les colons et prospecteurs qui se rendent sur les hauts
plateaux et sur une bonne partie de la Côte Est.
Veulent-ils explorer la
banlieue de Tamatave ? Impossible ! Pas un brin de route, pas même un
chemin de fortune pour traverser les marais, lagunes et rivières qui partout
barrent le passage. Par suite, pas de colonisation possible dans toute cette
étendue. Et cependant, partout, dans toutes les colonies, c’est aux environs
des villes, et surtout des ports de mer que la colonisation intensive se
pratique avec le plus de succès.
Ici, à Tamatave,
rien ! pas moyen de sortir de l’enceinte de la ville. Les colons qui se
sont établis sur la route de l’Ivoloina, bien que possédant une belle voie de
communication, voient leurs efforts colonisateurs paralysés par cette barrière
infranchissable, la lagune, le marais !…
Ce ne sont que des terres
sans valeur, s’écrie M. Lebureau, des sables qui ne permettent et ne
permettront jamais aucune culture coloniale ; le café, le cacao et la
vanille ne feront qu’y végéter sans donner de bénéfices. Par suite il est
parfaitement inutile de perdre le temps et l’argent à les drainer et à les
livrer à la colonisation.
Vrai !!
Ineffable
M. Lebureau ! Une colonie d’une grande étendue comme celle de
Madagascar, qui ne cultiverait que du café, du cacao et de la vanille, serait
fatalement vouée à une ruine complète !
La vie économique d’un
peuple exige bien d’autres produits qui tous ont leur importance et leur valeur
relative, et qui tous contribuent à des titres divers au développement du pays et
à sa prospérité.
(À suivre.)
Le Tamatave
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