Depuis trois semaines,
j’étais tranquille le soir. Mon patron n’allait plus au cinéma mais le soir de
Noël je n’y ai pas coupé, ce vieux céladon tenait à revoir les attraits de
Paris.
Comme d’habitude j’ai
confié la surveillance de mon pousse à un copain et je suis entré à
l’œil ; le service de surveillance n’existant pas, ce n’est pas bien
difficile de passer inaperçu.
J’ai remarqué que l’armée
est toujours bien représentée, j’ai pensé tout d’abord que c’était pour le
service d’ordre, mais je crois m’être trompé car en fait d’ordre l’armée ne
fait au cinéma que du potin et s’arroge les meilleures places. Du moment
qu’elle paye c’est un droit. Il n’y a sans doute comme miramilas à Tamatave que des fils de famille qui peuvent se payer
44 sous de cinéma à chaque séance. Le civil et les officiers ne peuvent
que s’incliner et admirer.
Le programme de Noël
était admirablement choisi et de circonstance : Les bas-fonds de Paris. Les Moulins Rouge et de la Galette,
l’Enfer, le rat mort, Tabarin et encore d’autres boîtes du même genre, en un
mot tout le boulevard Clichy et une partie du Barbès. C’était délicat comme
tout et bien des mamans regretteront, par ces temps troublés, de n’avoir pas
amené leurs jeunes filles. J’ai fait comprendre à plusieurs copains que Paris
ce n’était pas que cela.
Personnellement des
séances comme celle-là ça me dégoûte et je crois bien que ce n’est pas avec des
programmes aussi bien choisis que nous retrouverons la foule que l’ami Vallet
avait su attirer à ses représentations hebdomadaires.
Sarah B.
Le crime de la rue de la Batterie
Mercredi après-midi a eu
lieu, sur place, la reconstitution de la scène du crime.
Le nommé Thomas dit Petit
Frère a maintenu les aveux qu’il avait déjà faits ; soit que c’est bien
l’indigène Laurent qui a frappé M. Chabas d’abord d’un coup de bâton puis
d’un coup de hache à la tête et que c’est sur son instigation que ce crime a
été commis. Il désigne aussi ses complices, le dénommé Morange et un indigène
qui serait en fuite.
Quant à Laurent et
Morange, ils continuent à nier et disent être absolument étrangers au crime.
Malgré leurs dénégations,
la justice estime que le doute n’est pas possible.
La Dépêche malgache
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