Cher Monsieur,
Je viens tenir la
promesse que je vous ai faite de vous donner quelques renseignements précis sur
le commerce allemand à Madagascar.
En haut lieu on s’est préoccupé
de la place importante que tenait ce commerce tant dans nos colonies que dans
la Métropole même, et on a demandé aux corps constitués quelles étaient les
causes de sa prospérité et quels moyens pourraient être employés pour le
supplanter par des produits français, et faire disparaître cette concurrence.
J’ai eu beau chercher
dans les journaux pour voir si quelqu’un avait le courage d’indiquer la cause,
– que l’on peut qualifier de principale, – de la prospérité du commerce
allemand à Madagascar, personne n’en a soufflé mot. Ceux qui ne le savent pas
n’ont rien dit par ignorance, et ceux qui le savent… n’ont rien dit non plus,
parce qu’ils en ont profité, et qu’on ne dénonce pas un complice s’il n’y a
pas, à le faire, un intérêt majeur. L’administration elle-même doit tout
connaître, mais elle fait semblant d’ignorer, pour qu’on ne l’accuse pas… tout
au moins de négligence.
La commission
consultative de Tamatave a fait ressortir que la prospérité des maisons
allemandes dans la Colonie était due à différentes causes.
D’abord elle vient du
long et large crédit que ces maisons consentent à leurs clients. Cela est
exact, et il est à remarquer qu’aucune maison française ne leur fait
concurrence sur ce point. À telle fin que, les maisons allemandes disparues,
bien des colons vont se trouver, ou, – pour être plus exact, – se trouvent à
cette heure dans un cruel embarras, personne, ni même la Colonie, ne voulant
leur avancer, ni un centime, sur les récoltes que, en raison des circonstances
actuelles, ils ne peuvent vendre. À ce point de vue, très important, les
maisons allemandes laissent un grand vide dans la Colonie, et il conviendrait
que l’administration supérieure prît sans tarder des mesures pour obvier à
cette gêne, qui pour beaucoup peut entraîner la ruine et la misère.
Cette facilité d’accorder
des crédits et de faire des avances, les maisons allemandes la trouvent dans
l’appui moral et pécuniaire que leur
gouvernement, à l’inverse du nôtre, leur prodigue sans marchander.
(À suivre.)
Le Tamatave
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