16 février 2015

Il y a 100 ans : Le commerce allemand à Madagascar – La contrebande (3)

(Suite.)
Ensuite c’est à nous qui connaissons le dessous des cartes que l’on vient conter pareille… chose ? Nous allons faire un petit calcul, car, comme argument, rien ne vaut l’éloquence des chiffres.
À un moment donné, c’est-à-dire au moment du séquestre, alors que la maison O’Swald prévenue des événements qui allaient se produire avait liquidé le plus possible ses existences, et placé ses marchandises le plus qu’elle a pu chez des clients et des amis, – cela, au vu et au su de tout le monde, – à ce moment, dis-je, le séquestre, sur inventaire, a trouvé que ce qui restait en magasin atteignait encore la respectable somme de 1 200 000 francs.
Si on ajoute à ce chiffre le montant des marchandises trouvées dans les autres maisons allemandes de la Colonie, on arrivera sans grand effort à un chiffre peut-être supérieur à six millions. D’où l’on peut conclure sans exagération aucune qu’avec les marchandises vendues dans le reste de l’année, l’importation allemande devait forcément atteindre les dix millions de l’exportation.
Le plus simple d’esprit et le moins versé en affaires vous dira comment ces neuf millions de kamelote allemande ont pu entrer dans la colonie sans passer par la Douane. C’est du reste le secret de polichinelle.
Quand un employé subalterne s’avisait… de quelque chose, vite, en haut lieu, on lui imposait silence en agitant le spectre de complications diplomatiques.
Si cela faisait un doute, le rapport qui a valu au consul Oehlerking sa décoration de l’Aigle noir le reconnaît de la façon la plus explicite. Il n’y a donc qu’à s’incliner et à reconnaître notre naïveté. La cause principale de la prospérité du commerce allemand à Madagascar, la voilà !… La contrebande !…
Je ne terminerai pas ma lettre sans vous signaler un fait qu’un voisin me fait remarquer.
Tout récemment, la maison O’Swald a fait construire, coup sur coup, deux grands magasins. L’un, sur le boulevard Galliéni, et l’autre, en face de la gare des marchandises, tous deux face au port. Le sol de ces deux magasins exhaussé au-dessus de la rue et du boulevard est constitué par un épais bétonnage.
(À suivre.)

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