(Suite.)
Tandis que le colon ou
commerçant français, en colonie, ne reçoit qu’ennuis et vexations de la part
d’une administration dont le rôle au contraire serait de le protéger, par
contre le colon allemand en pays étranger est l’objet de la sollicitude et de
l’appui de son gouvernement, ce qui du même coup lui vaut les égards et la
bienveillance de notre propre administration.
Témoin, la maison
O’Swald. Le directeur de cette maison était, en même temps, comme consul, le
représentant attitré de son gouvernement, et à ce titre jouissait des
prérogatives attachées à cette charge. Pas de fête, pas de réunion, pas de
réception, pas de société où il n’occupât un des premiers rangs. Il en était de
même pour ses employés, officiers de l’armée allemande. On a trouvé des
vêtements d’officier dans leurs bagages, le jour où ils ont été internés.
Sportsmans accomplis, ils figuraient parmi les fondateurs de toutes les
sociétés de sport de Tamatave, quand ils n’en étaient pas les initiateurs.
Valseurs infatigables,
ils étaient une ressource très appréciée et très recherchée par les maîtresses
de maison. Encore à ces points de vue il en résultera un grand vide dans la
société tamatavienne. C’était l’envahissement méthodique et continu de la kultur allemande, auquel, bonnes poires que nous étions, nous nous sommes
si naïvement laissé prendre.
De même nous nous
arrachions leur kamelote dont ils
avaient si bien inondé notre place, qu’aujourd’hui que la source en est tarie,
certains articles, que nous ne recevrons plus, je l’espère, font défaut sur le
marché. Combien de commerçants soi-disant introducteurs, recevaient directement
leurs marchandises à crédit de la maison O’Swald !!…
Alors même que leurs
produits eussent, en Europe, coûté le même prix, ils arrivaient ici à meilleur
marché, grâce à leur vapeur, le Zanzibar,
qui venait régulièrement les approvisionner.
À ce propos, la
statistique nous dit gravement et sans sourciller que l’importation allemande
s’élevait seulement à un million de francs par an dans notre colonie, alors que
l’exportation atteignait le chiffre de dix
millions.
D’abord à quel commerçant
fera-t-on croire que les Allemands à Madagascar importaient neuf millions en
numéraire pour nous acheter nos produits ?
(À suivre.)
Le Tamatave
Madagascar en 1914 est en préparation, Madagascar en 1913 est disponible dans une édition numérique revue et corrigée.
Et la Bibliothèque malgache s'ouvre à de nouvelles collections, avec quatre premiers titres disponibles sur la nouvelle page d'accueil du site.
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