Lettre d’un colon
(Suite.)
Cette plaine, que vous
qualifiez de stérile, ne produit-elle pas des arbres de la plus belle venue, et
que l’on a plantés partout où la colonisation a pu pénétrer sans trop de
difficultés ?
Sous ces arbres qui, –
jusqu’à cette heure, ne comprennent presque exclusivement que des filaos et des
eucalyptus, – sous ces arbres, dis-je, ne pousse-t-il pas une herbe drue, fine
et tendre, dont les animaux sont très friands, et qui pousse avec vigueur,
parce qu’elle trouve le sol bonifié par l’humus formé par les feuilles qui
tombent des arbres, présentant ainsi un excellent pâturage ?
Or l’élevage n’est-il pas
une des principales ressources de la colonie, et un élément puissant de
prospérité ?
Et qui ne voit le
bénéfice qu’il y aurait à engraisser, ici, tout près, les animaux destinés au
frigorifique ou même à l’exportation sur pied ?
Ayant des troupeaux, les
colons disposeraient de fumier abondant, leur facilitant la création de
potagers et de cultures rémunératrices.
Quels délicieux cottages
ne s’élèveraient pas alors dans cette plaine aujourd’hui désolée, improductive
et inhabitable ?
Mais les filaos et les
eucalyptus ne sont pas les seules essences qu’il faille cultiver.
Si nous nous donnions la
peine de nous rendre compte de ce qui se passe dans les colonies voisines, même
dans nos propres colonies, la Nouvelle-Calédonie par exemple, nous verrions
qu’à Nouméa et dans ses environs, la service de colonisation plante à outrance,
sur toutes les avenues, sur tous les coteaux dénudés, dans les terres les moins
fertiles, un arbre qui pousse partout avec une grande vigueur, et se reproduit
facilement et rapidement. C’est l’Algéroba.
Cet arbre, que le docteur
Lebœuf a rapporté des îles Hawaï, où il a envahi de lui-même les endroits les
plus arides et les plus incultes, est de la famille des légumineuses (Prosopis
Judiflora). Il pousse avec une telle rapidité, qu’en moins de deux ans il
atteint plus de 3 mètres de haut.
Il jouit d’une grande
valeur agricole, parce que, comme toutes les légumineuses, l’Algéroba enrichit
le sol où il croît, et qu’il fournit, en outre, des quantités énormes de
gousses sucrées, dont les chevaux, les bœufs et les porcs sont très friands.
(À suivre.)
Le Tamatave
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