Il vient encore d’être
question de Diégo-Suarez, mais dans un sens combien différent de jadis !
On s’accordait à dire
qu’il était facile de rendre inexpugnable cette merveilleuse rade, qu’elle était
toute désignée pour servir de point d’appui à la flotte.
On avait effectué dans la
partie basse d’Antsirane, que l’on dénomme le Cirque, des sondages, des études
et établi des devis très précis pour y établir un bassin de radoub.
Le généralissime Joffre
en sait quelque chose, puisque c’est lui qui a fait ces études.
Nous parierions même
qu’il échangerait volontiers les étoiles qu’il porte aujourd’hui contre les
galons qu’il avait alors.
Mais qui de nous ne
voudrait rajeunir, même en sacrifiant des grades vaillamment acquis ?…
Le Cirque d’Antsirane
semble, du reste, avoir été fait par la nature uniquement pour abriter un
bassin de radoub.
Puis on envisagea – trop
timidement peut-être – les moyens de fortifier Diégo du seul côté où il n’était
pas naturellement à l’abri d’un débarquement, c’est-à-dire du côté d’Anamakia.
Afin d’aider les
techniciens, des publicistes faisaient ressortir combien la France aurait tort
de ne pas profiter de ce que lui offraient la nature et les circonstances pour
établir dans l’océan Indien un port militaire offrant une sécurité
incomparable.
Mais, aujourd’hui, les
temps ont bien changé !
Diégo, point
d’appui !
Mais pourquoi ?
Point d’appui de la
flotte ?
Mais il n’y a plus de
flotte.
La petite division navale
que nous entretenions là-bas a été rapatriée.
On avait laissé quelques
torpilleurs, probablement parce qu’ils n’avaient plus d’assez bonnes jambes
pour se transporter ailleurs. Mais le cyclone du 24 novembre 1912 a
eu le bon esprit de nous en débarrasser en les envoyant au fond de l’eau.
Passer ainsi d’un excès
d’appréhensions et de précautions à un excès de confiance est bien la
caractéristique de notre politique.
Espérons que l’avenir
démontrera que nous n’avons pas été mauvais prophète. C’est notre sincère
désir.
Le Courrier colonial
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