27 juin 2014

Il y a 100 ans : Diégo-Suarez n’a pas de chance

Il vient encore d’être question de Diégo-Suarez, mais dans un sens combien différent de jadis !
On s’accordait à dire qu’il était facile de rendre inexpugnable cette merveilleuse rade, qu’elle était toute désignée pour servir de point d’appui à la flotte.
On avait effectué dans la partie basse d’Antsirane, que l’on dénomme le Cirque, des sondages, des études et établi des devis très précis pour y établir un bassin de radoub.
Le généralissime Joffre en sait quelque chose, puisque c’est lui qui a fait ces études.
Nous parierions même qu’il échangerait volontiers les étoiles qu’il porte aujourd’hui contre les galons qu’il avait alors.
Mais qui de nous ne voudrait rajeunir, même en sacrifiant des grades vaillamment acquis ?…
Le Cirque d’Antsirane semble, du reste, avoir été fait par la nature uniquement pour abriter un bassin de radoub.
Puis on envisagea – trop timidement peut-être – les moyens de fortifier Diégo du seul côté où il n’était pas naturellement à l’abri d’un débarquement, c’est-à-dire du côté d’Anamakia.
Afin d’aider les techniciens, des publicistes faisaient ressortir combien la France aurait tort de ne pas profiter de ce que lui offraient la nature et les circonstances pour établir dans l’océan Indien un port militaire offrant une sécurité incomparable.
Mais, aujourd’hui, les temps ont bien changé !
Diégo, point d’appui !
Mais pourquoi ?
Point d’appui de la flotte ?
Mais il n’y a plus de flotte.
La petite division navale que nous entretenions là-bas a été rapatriée.
On avait laissé quelques torpilleurs, probablement parce qu’ils n’avaient plus d’assez bonnes jambes pour se transporter ailleurs. Mais le cyclone du 24 novembre 1912 a eu le bon esprit de nous en débarrasser en les envoyant au fond de l’eau.
Passer ainsi d’un excès d’appréhensions et de précautions à un excès de confiance est bien la caractéristique de notre politique.
Espérons que l’avenir démontrera que nous n’avons pas été mauvais prophète. C’est notre sincère désir.

Le Courrier colonial


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