(Suite.)
Et notre malheureux colon
se demande si la première tranche du premier cinquième à rembourser au
31 décembre prochain ne lui sera pas réclamée avant qu’il ait en main l’insaisissable
mandat ! Il paraît, d’ailleurs, que son cas n’est pas isolé, nos
correspondants de la Grande Île signalent plusieurs autres cas de colons
sinistrés en 1912, qui se trouvent dans la même situation.
Dans une administration
aussi compliquée que celle d’une colonie de l’importance de Madagascar, il est
impossible que le chef puisse avoir l’œil à tous les détails ; aussi
considérons-nous comme un devoir de lui signaler les incidents de cette nature.
Le même colon a eu
également à se plaindre d’autres services de la Grande Île, et il remarque à ce
propos que plus on est loin du chef-lieu de la colonie, plus les doléances sont
fréquentes contre l’administration.
Tout récemment il
recevait une note impérative l’invitant à régler par « mandat télégraphique »
un compte soi-disant demeuré en souffrance. Comme ce compte s’élevait à 600 ou
700 francs, le colon n’avait pas été, surtout dans sa situation actuelle,
sans s’apercevoir du jour où il l’avait payé. Il en avait le reçu en règle
depuis deux mois !
En d’autres circonstances
il eût laissé aller la procédure jusqu’à la saisie, se réservant alors
d’exhiber le document qui prouvait sa libération et de réclamer des
dommages-intérêts auxquels il aurait eu droit sans conteste. Mais il craignit
que ce bon tour joué à l’administration ne lui attirât des représailles et ne
fît retarder encore la remise du mandat si impatiemment attendu.
Il se contenta donc de
démontrer son erreur au chef du service intéressé qui, d’ailleurs, ne crut même
pas devoir lui faire des excuses d’une pareille inadvertance.
Nous ne sommes pas pour
cela de ceux qui voudraient voir le budget d’une colonie transformé en vache à
lait au bénéfice des colons ; nous estimons, au contraire que la méthode
de colonisation la plus rationnelle consiste à donner à ces derniers le
sentiment de leur responsabilité, à leur faire comprendre la nécessité de
l’initiative individuelle.
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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