Un ministre à qui un
député reprochait de n’avoir pas tenu ses promesses, répondait :
« J’ai donné des ordres, cher ami, mais les ministres ne sont pas toujours
les maîtres chez eux, il y a les bureaux ! »
Ce n’est pas seulement en
France que ces derniers entravent les meilleures initiatives : ils ont
également introduit aux colonies leurs méthodes routinières et paperassières.
Nous en avons eu un exemple mémorable lors de la catastrophe de la Martinique.
Sans les envois des États-Unis, les sinistrés auraient pu mourir de faim avant
d’avoir reçu les secours que la mère-patrie avait pourtant accordés avec
générosité. Et bien que douze années se soient écoulées depuis lors, nous ne
sommes pas bien sûr que la distribution des fonds souscrits en faveur des
victimes du Mont Pelé soit terminée à l’heure actuelle.
Si ces retards attirent
l’attention publique quand il s’agit d’aussi terribles catastrophes, ils
frappent évidemment moins l’esprit lorsque les circonstances sont moins
graves ; mais ils n’en causent pas moins de graves préjudices à nos
possessions d’outre-mer et à ceux qui les mettent en valeur.
Et voici un exemple tout
récent qui mérite d’être raconté :
Un colon du nord de
Madagascar, victime du cyclone de novembre 1912, avait vu ses plantations
dévastées. Sa concession était bonne, le sol fertile, il ne lui fallait qu’un
petit capital pour se relever, remettre son domaine en état et attendre la
prochaine récolte qui le tirerait d’une situation critique.
Il fait donc une démarche
auprès de l’administration et réussit à obtenir la promesse d’un prêt
hypothécaire, largement couvert par sa propriété.
Cela se passait en
novembre 1913, un an après le cyclone : les formalités sont remplies aussi
rapidement que le permettent les lenteurs bureaucratiques ; et
l’hypothèque est prise le 7 février 1914. Il ne reste plus qu’à
libeller le mandat et à le remettre à l’intéressé. Or, à la date du départ du
dernier courrier, soit le 3 avril, il n’avait encore rien vu venir :
certaines formalités ultimes, non remplies, s’y opposaient !
(À suivre.)
Le Courrier colonial
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