Métropolitains, qui vous
plaignez d’être incommodés par les mouches, puces, punaises et autres
bestioles, en somme inoffensives quoique assez indiscrètes, que diriez-vous
s’il vous fallait élire domicile dans la brousse, voire même dans certaines
villes coloniales ? Alors, vous pourriez vanter en connaissance de cause
les délices de la compagnie intime des moustiques, cancrelats, rats, etc., etc.
J’étais un soir à
Tamatave l’hôte d’un colon bourbonnais qui avait aimablement sorti un matelas
de son lit et l’avait étendu sur le sol à mon intention.
Un simple rideau de
« nattes » nous séparait.
À peine étais-je allongé
que le supplice commençait. Des cancrelats malodorants se livraient aux
douceurs de la course à pied sur ma nuque et sur mon visage. Puis des
bataillons de puces exécutaient de savantes manœuvres sur mon épiderme, vivant
ainsi sur l’habitant, conformément à l’usage en temps de guerre.
Comme si ce n’était pas
assez, je sentis bientôt des rats courir avec précipitation sur mon individu.
L’un d’eux, que je saisis
au passage, me mordit cruellement.
Cette fois je n’y tins
plus et me répandis en exclamations de colère.
Alors mon hôte placide me
cria, tout somnolent :
— Ce n’est rien, ce
sont les puces !
— Comment, les
puces ! Oui, tout à l’heure ! Mais, maintenant, ce sont les
rats !
— Ah
parfaitement ! Eh bien ! ils ont peur des puces et ils se sauvent
devant elles.
Là-dessus, j’entendis mon
hôte se retourner pour reprendre paisiblement son somme que j’avais interrompu
un instant.
Alors je fis comme les
rats. Je me sauvai et j’oubliai bientôt, au bord de la mer, dans la
contemplation d’un magnifique clair de lune, puces, rats et cancrelats qui se
disputaient le champ de bataille, c’est-à-dire de mon malheureux matelas !
Chanteclair.
Le Courrier colonial
Nécrologie
On annonce la mort de
M. Théodore Meyer, ministre plénipotentiaire de 1re classe,
officier de la légion d’honneur, décédé à Versailles à l’âge de soixante-quinze
ans. En 1880, consul et commissaire du gouvernement à Tananarive, il sut
empêcher une grande puissance étrangère de s’installer à Madagascar.
L’Aurore
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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