28 juin 2014

Il y a 100 ans : Joyeusetés coloniales

Métropolitains, qui vous plaignez d’être incommodés par les mouches, puces, punaises et autres bestioles, en somme inoffensives quoique assez indiscrètes, que diriez-vous s’il vous fallait élire domicile dans la brousse, voire même dans certaines villes coloniales ? Alors, vous pourriez vanter en connaissance de cause les délices de la compagnie intime des moustiques, cancrelats, rats, etc., etc.
J’étais un soir à Tamatave l’hôte d’un colon bourbonnais qui avait aimablement sorti un matelas de son lit et l’avait étendu sur le sol à mon intention.
Un simple rideau de « nattes » nous séparait.
À peine étais-je allongé que le supplice commençait. Des cancrelats malodorants se livraient aux douceurs de la course à pied sur ma nuque et sur mon visage. Puis des bataillons de puces exécutaient de savantes manœuvres sur mon épiderme, vivant ainsi sur l’habitant, conformément à l’usage en temps de guerre.
Comme si ce n’était pas assez, je sentis bientôt des rats courir avec précipitation sur mon individu.
L’un d’eux, que je saisis au passage, me mordit cruellement.
Cette fois je n’y tins plus et me répandis en exclamations de colère.
Alors mon hôte placide me cria, tout somnolent :
— Ce n’est rien, ce sont les puces !
— Comment, les puces ! Oui, tout à l’heure ! Mais, maintenant, ce sont les rats !
— Ah parfaitement ! Eh bien ! ils ont peur des puces et ils se sauvent devant elles.
Là-dessus, j’entendis mon hôte se retourner pour reprendre paisiblement son somme que j’avais interrompu un instant.
Alors je fis comme les rats. Je me sauvai et j’oubliai bientôt, au bord de la mer, dans la contemplation d’un magnifique clair de lune, puces, rats et cancrelats qui se disputaient le champ de bataille, c’est-à-dire de mon malheureux matelas !
Chanteclair.
Le Courrier colonial

Nécrologie

On annonce la mort de M. Théodore Meyer, ministre plénipotentiaire de 1re classe, officier de la légion d’honneur, décédé à Versailles à l’âge de soixante-quinze ans. En 1880, consul et commissaire du gouvernement à Tananarive, il sut empêcher une grande puissance étrangère de s’installer à Madagascar.

L’Aurore


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