Il y a 100 ans : Le P. Roblet de Madagascar (2)

(Suite.)

» … Je ne tardai pas à être mieux outillé : je me construisis moi-même une alidade et une planchette, avec ma canne pour support. »

Par la suite, on lui donna des instruments plus perfectionnés, mais jamais il ne se sépara de sa fidèle canne.

Et cette vie de géographe devait durer plus de vingt ans, durant lesquels seul, vivant de biscuits de soldat et d’eau, il fit des randonnées effrayantes, 70 et 80 kilomètres par jour étaient sa moyenne. Les porteurs, qu’on lui avait imposés et dont il n’usait point, refusèrent bientôt même de le suivre : son allure les tuait. Un domestique, quelque temps, se chargea de ses instruments, mais rompu par ces écrasantes journées de marche, faites à jeun de 7 heures du matin à 8 heures du soir, demanda grâce. Le P. Roblet prit ses instruments sur son dos et continua.

Que d’aventures ne lui sont pas arrivées : on le prend pour un sorcier et on veut le précipiter de la montagne où il fait ses observations ; il débouche en pleine nuit dans un campement de brigands qui, stupéfaits de son audace, lui laissent la vie sauve ; il ne compte plus les rivières dans lesquelles il tombe, ni celles qu’il traverse, soit à la nage, soit, quand il craint les caïmans, à cheval sur des calebasses.

À ce régime, tous les pics de l’Imerina, puis ceux du Betsiléo, furent escaladés. Il eut bientôt à son actif plus de 3 000 ascensions. Sur 920 montagnes, il a pris avec les instruments 82 317 angles. Sur 2 000 d’entre elles, il a exécute 2 000 levés à la planchette. Ajoutons 8 908 angles azimutaux et 803 distances zénithales observées avec le P. Colin sur 76 montagnes.

La première carte de l’Imerina était prête et paraissait : elle allait être suivie d’autres travaux.

Voici, au reste, le résumé de ses travaux cartographiques :

1° Une esquisse au 1/300 000 de la carte de l’Imerina.

2° La première échelle étant trop petite pour contenir ses documents nouveaux, le P. Roblet entreprend une nouvelle esquisse au 1/100 000. La réduction parut en 1895, réduite au 1/200 000 par les soins de M. A. Grandidier. En même temps, a paru la carte du nord de l’Imerina au 1/100 000.

(À suivre.)

La Croix

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