(Suite et fin.)
C’est cette haute
conception de l’initiative personnelle, ce souci de ne pas tolérer
l’intervention des « officiels » dans ses affaires qui fait le succès
du colon anglais. Beaucoup de cadets de lords, voire même des miséreux
« bons pour un shilling à Londres », vont s’établir aux colonies et
reviennent millionnaires quelques années après sans avoir réclamé à
l’administration autre chose que la protection de police due par tout État à
ses ressortissants.
On cite le cas d’un cadet
des ducs de Manchester qui, ayant perdu son douaire au jeu, obtint de son aîné
50 livres sterlings, soir 1 250 francs pour tout viatique.
Avec cette faible somme
il prit passage à bord d’un paquebot d’émigrants et se rendit en Australie. À
l’heure actuelle, il est l’un des plus puissants éleveurs du continent
australien et ses domaines ont une valeur double, au moins, de ceux de son
frère resté en Angleterre, qui sont pourtant considérables !…
Mais, et nous ne saurions
trop insister sur ce point, si le colon anglais entend mener ses affaires à son
gré, en revanche, il compte sur l’État pour le tirer d’affaire quand il est
victime d’accidents de force majeure. Il existe même dans plusieurs grandes
colonies anglaises un fonds spécial dénommé « Emergencies fund »,
destiné à venir en aide aux colons malheureux, pourvu que leur misère ne leur
soit pas imputable.
En attendant que les
revenus de nos grandes colonies laissent un excédent de recettes qui permettra
de créer un « Fonds pour les imprévus », l’administration coloniale a
le devoir de prêter assistance aux colons laborieux, de les aider à surmonter
des difficultés temporaires quand ils ont fait leurs preuves et que les
cyclones, par exemple, ont dévasté leurs exploitations.
Mais, pour que ce geste
de générosité et d’équité soit efficace il faut qu’il soit spontané et surtout
rapide ; il faut bouleverser les traditions de routine, chères à
M. Lebureau, et, même s’il doit en faire une maladie, le contraindre à
donner son aide au moment où elle a toute son utilité.
Paul Desloy.
Le Courrier colonial
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