Un câblogramme nous
annonce la mort, à Tananarive, du célèbre explorateur-cartographe, Désiré
Roblet, missionnaire Jésuite, chevalier de la Légion d’honneur.
Tous ceux qui ont
rencontré le légendaire petit homme verront avec tristesse disparaître cette
figure si sympathique : il est de ceux à la mort desquels on croit avec
peine, tant leur vie s’est identifiée avec un pays. Invinciblement, le nom du
P. Roblet évoquait celui de Madagascar. Il y était arrivé en 1862, par le
cap de Bonne-Espérance, sur un voilier, puis monté aussitôt à Tananarive qui
s’ouvrait aux Européens, il assistait au couronnement de Radama II et aux
débuts de la mission catholique, au développement de laquelle il allait contribuer
pour une part énorme.
Petit, maigre, tout en
jambes, il fut lancé dans l’Imerina inexplorée ; il avait un flair
merveilleux pour deviner les villages aptes au christianisme, y bâtissait une
hutte en terre pour église, enseignait quelques jours la doctrine, installait
un catéchiste, puis allait plus loin, laissant à d’autres le soin « de
couver les postes qu’il avait pondus ». Il en pondit ainsi plus de 200,
d’où sont sorties toutes les chrétientés actuelles de l’Ouest et du Sud.
Durant ces courses,
l’idée lui vint de faire un semblant de cartes à l’usage des
missionnaires ; on l’encouragea. Il a raconté lui-même l’histoire de cette
première carte de Madagascar, point de départ des travaux qui devaient le
rendre célèbre : « Pendant une de mes courses, et bien loin au Sud de
Tananarive, j’avise deux sommets distants d’une vingtaine de kilomètres, qui me
semblent offrir une base excellente… Vite, je grimpe successivement au plus
haut de ces montagnes, et j’y installe mes instruments.
» Quels instruments !
Un baromètre anéroïde, renversé le fond en l’air, et recouvert d’une feuille de
papier assujettie par des épingles, me sert de planchette ; une mauvaise
lunette tient lieu d’alidade. Faute de support, ma planchette est posée par
terre ; pour mettre la lunette-alidade en rapport avec elle, il me faut
prendre une position moins que commode. Ce simulacre de carte, qui me prit
d’ailleurs beaucoup de temps, a été fait littéralement ventre à terre.
(À suivre.)
La Croix
L'intégrale en un livre numérique (un volume équivalant à 734 pages d'un ouvrage papier), disponible en deux endroits:
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