20 mai 2015

Il y a 100 ans : Autour de la mobilisation (1)

Sous ce titre, nous trouvons, dans le dernier numéro de la Tribune, un remarquable article que nous publions ci-après, bien assurés d’être agréables à nos lecteurs.
Pour tout ce qui porte un cœur français, le premier devoir, à l’heure présente, est de marcher joyeusement sous les drapeaux au premier signal de l’autorité militaire. Certes, la population de Madagascar peut en rendre témoignage, elle a, pour la défense nationale, accompli généreusement tout ce que l’honneur lui prescrivait. Mais notre nature de Français est ainsi faite que, dévoués à la patrie, notre premier mouvement est de nous engager à titre de volontaire, mais le second est de regarder si le voisin en fait autant. Nous supportons, nous aimons les charges les plus dures, quand elles ne souffrent pas d’exception.
Pour réaliser cette égalité devant le sacrifice commun, le Gouverneur Général a agi de la manière la plus équitable ; il a résolu fort sagement, on le sait, le problème des exemptions nécessaires. Les supprimer entièrement est chose impossible. Dans les colonies, la mobilisation qui consisterait – comme l’entendent certains esprits absolus – à convoquer indistinctement tous les hommes des classes appelées, équivaudrait à l’arrêt complet de toute vie économique. Et, sans envisager les conséquences inadmissibles à l’égard de nos populations indigènes, une mesure aussi radicale serait absolument contraire aux instructions formelles du Département qui prescrivent d’accorder des sursis, par décision individuelle, dans les cas jugés nécessaires pour le maintien de la vie matérielle et administrative de la Colonie.
L’agriculture et, en certains cas, l’industrie sont aussi nécessaires à un pays que l’armée ; elles font même partie de la défense nationale. Ce n’est pas tout, une vaste contrée comme Madagascar, peuplée de plus de trois millions d’aborigènes, qui serait privée de son administration et de sa police, peut être considérée comme un foyer dont les habitants débiles, femmes, enfants, vieillards, ne peuvent se passer de leur chef et de leur père nourricier. Une fabrique fermée par suite du départ d’un indispensable patron ou d’un agent technique est assimilée à une famille abandonnée sans pain.
(À suivre.)

Le Tamatave

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